L'alerte Natiembé


L'immensité des îles. Désaxées, closes, orgueilleuses, elles sont sources de résistances séculaires et d'obsédantes rêveries, auxquelles la musique n'échappe pas. La lasciveté martelante et jamaïcaine du reggae. La pop hospitalière des frères Finn en Nouvelle Zélande. La morna, cette plainte née dans l'archipel du Cap-Vert que popularisa Cesària Evora. L'Islande des Sugarcubes et leur son volcanique... De l'île de La Réunion, la France «connaissait» le maloya. Celui d'Alain Peters (récemment adapté par Bernard Lavilliers sur BARON SAMEDI, Rest'là Maloya) et de Danyèl Waro, dont les Inrocks affirment inlassablement qu'il est le plus grand chanteur français vivant. Il faudra désormais compter sur les feux qu'allume Nathalie Natiembé. Tout comme les ciels de son pays, son ample voix se couvre, éclabousse et flamboie. Du maloya, elle a fusionné dans BONBON ZETWAL les racines africaines avec la veine réaliste de la goualante d'avant-guerre, le rock'n'roll et le dub qui mûrit au soleil de Saint-Leu au sein du Kal'Bass Studio (974). La grande musique est proche. Escortée par trois sorciers dévoués (Yann Costa à la réalisation et aux claviers, Boris Kulenovic à la basse et Cyril Faivre à la batterie), Nathalie Natiembé dévoile des chansons moites écrites à l'encre des pluies tropicales. Ouragan de flammes déchirantes, BONBON ZETWAL est le quatrième album d'une dame créole aux charmes désormais consacrés.

Baptiste Vignol