Top des ventes (du 23 février au 1er mars)

1. U2 No line on the Horizon 63 109
2. La Fouine Mes repères 14 683
3. Seal Soul 13 962
4. Charlie Winston Hobo 10 224
5. Grégoire Toi + moi 8 019
6. Superbus Lova Lova 6 925
7. Coldplay Viva la vida 6 732
8. Peps Utopies dans le décor 6 631
9. Christopha Maé Comme à la maison 6 503
10. Bof Twilight 6 486
11. Patrick Fiori Les choses de la vie 5 740
12. Francis Cabrel Des roses et des orties 5 389
13. Pink Funhouse 4 390
14. Thomas Dutronc Comme un manouche sans guitare 4 277
15. Jason Mraz We sing, we dance… 4 031
16. Multi-interprètes Cléopatre, la dernière reine d’Égypte 3 639
17. La Rue Kétanou À contresens 3 623
18. Ridan L’un est l’autre 3 520
19. Bruce Springsteen Working on a dream 3 425
20. The Priests The Priests 3 290

Puis, en français:

29. Johnny Hallyday Ça ne finira jamais 2 807
31. Alain Bashung Bleu pétrole 2 655
33. Bénabar Infréquentable 2 564
36. Charles Aznavour Duos 2 376
37. Tryo Ce que l’on sème 2 340
41. Alain Souchon Écoutez d’où ma peine vient 2 164
44. Christophe Maé Mon paradis 1860
45. Stanislas L’équilibre instable 1 792
47. La Grande Sophie Des vagues et des ruisseaux 1 792
49. Abd Al Malik Dante 1759
53. Anaïs The Love album 1 666
etc.

L'avis d'un Grand Prix de l'Académie Charles Cros


Les 24ème défaites de la musique

Bien sûr, il y avait Alain Bashung et son œuvre. Quelle dignité quand au bout du chemin, ses peut-être derniers mots vont à son amour de la belle chanson et de l’audace qu’elle implique. Il y avait ce maître absolu du verbe, ce poète, son timbre incomparable, ses musiques ciselées, recherchées, originales, personnelles. Et dans son sillage, personne. Mise à part Camille.
J’ai tenu jusqu’au bout de la soirée, par conscience professionnelle sans doute, et j’ai contemplé le désert. Je ne citerai pas les noms de ces déserts, on me traiterait d’aigri. Je ne suis pas aigri au contraire, je suis perdu. Je voudrais m’accrocher à des locomotives, elles me sont essentielles, je rêve de n’être qu’un wagon et de me laisser entraîner sur les voies de talents bouleversants. Mais là, qui suivre ?
Pour être rock, il faudrait tel un cabri (oui l’homonymie est proche) parcourir la scène en sautant dans toutes les directions, hurler des propos vides de sens, dignes d’un élève de troisième (et encore il y en a qui assurent en 3ème) et haranguer la foule comme un gourou (pas loin du kangourou). Tout le monde debout! Faites du bruit! Est-ce que vous êtes là ? Combien de fois ces banalités ineptes ont été répétées ? Et le public se lève par politesse, victime d’une standing ovation réclamée à corps et à cris par « l’artiste ». Si c’est cela avoir du charisme, je préfère regarder les parcs à huîtres du bassin d’Arcachon, ils m’inspirent plus de respect et m’émeuvent bien davantage. Ou écouter encore un album de Brassens, qui était bien plus rock que ça, et sans bouger beaucoup. Une autre arrive sur scène à cheval. Cette entrée originale aura-t-elle dissimulé quelques secondes l’absence d’originalité de tout le reste qui concerne la chanson? Quelques-uns, de plus en plus nombreux, chantent en anglais; c’est moins risqué, au niveau du sens. Ils échappent du coup au ridicule de certains textes que l’on a pu entendre ce soir-là. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas non plus ce qu’ils font dans des catégories dites de "chanson française". Les heures passent lentement, je cherche les héritiers de Gainsbourg, Brel, Piaf, Barbara, Nougaro, Reggiani, Trenet, Souchon… Je vois des fils de. Mais les héritiers, je ne les trouve pas. Ce ne sont quand même pas les BB Brunes en train de remporter la victoire de la « révélation scène » de l’année ? (eux je les cite, parce que c’est quand même trop comique). Alors pour me rassurer je me dis que ce sont des professionnels qui ont voté, et qu’ils doivent bien savoir ce qu’ils font. Mais soudain, je repense à ce proverbe :
N’oublions jamais que le Titanic a été conçu par des professionnels… Et l’arche de Noé par un amateur.
Oui, le marché du disque est en crise. J’hésite entre la crise de rire et la crise de larmes.

Vincent Baguian