Ça ne nous a pas échappé

Puisque ça lui arracherait les doigts de taper sur son clavier les cinq lettres de ce prénom, c'est sans évoquer R.E.N.A.U.D., mais en parlant de Bruce Springsteen, d'Axl Rose et de sodomie, qu'Alice Pfeiffer vient de pondre un article stylé sur le grand retour programmé du bandana. Ils sont drôles aux Inrocks.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir, voilà un billet passionnant...)

Renaud, 19 ans, en 1971 :





Le cas caséeux de «The Voice»


Il s'appelle Lilian, il a plutôt l'air gentil, semble modeste, bien élevé et se coiffe d'un béret parfois. C'est son côté terroir - qui dut plaire aux gens de TF1. Il «chante» aussi paraît-il, il a surtout le don de transformer l'or en pâte molle. Ce fromager franc-comtois a pourtant été désigné samedi soir «plus belle voix de France» dixit l'animateur du programme. Tout cela est profondément ridicule, aussi risible que le regard coulant, bien fait, crémeux de sa prof de chant. Son destin sera celui de Christophe Willem, qu'on appelait «la tortue» du temps de sa gloire: deux ou trois disques et puis s'en va. Ce qui est déjà beaucoup. Pointaient pourtant dans ce concours télévisé trois interprètes séduisants: un monsieur blond sachant s'attaquer avec élégance à d'immenses chansons (ça n'est pas donné de reprendre Avec le temps ou La Nuit je mens en y glissant un souffle d'air), un gamin de Montréal, gueule d'amour et jambes de feu sur lequel «coach» Mika mise sans douter, et une artiste hors norme, regard foudroyant, bouille et voix lumineuses, dont chacun connaît déjà le nom: Anne Sila. Samedi soir, pour la dernière épreuve de l'émission, Julien Doré est même venu lui donner la réplique. Et c'est l'ancienne Nouvelle star qui paraissait intimidée. Anne Sila survole son domaine, laissant toujours planer sur ses prestations comme une grâce mystérieuse suspendue par des battements d'aile impalpables. Elle sera si les petits cochons ne la mangent pas une grande dame de la chanson française. Ça tombe bien, Juliette Gréco tire enfin sa révérence.

Baptiste Vignol


Si nue Circé



«Je fais l'amour avec des ex qui s'excusent de m'avoir jetée…» Iconoclaste Circé Deslandes, tellement limpide qu'elle se dévoile toute entière dans des chansons sanguines et décadentes comme dans ses clips olé olé puisque le reflet de ses chairs n'effarouche pas sa pudeur. ŒSTROGÉNÈSE, ce mot astucieusement inventé (le dérivé d'œstrogène étant œstrogénique, n'est-ce pas?), baptise un album étonnant dédié au plaisir, au désir et ses impulsions. Guidée par ses idoles que sont Lolita, Marilyn et Bardot, Circé Deslandes, parce qu'elle avait quinze ans début 2000, séduit sans avoir à tourner autour des mots. Comme nulle ne le chante aujourd'hui, cette jeune femme moderne parle cru, de «bite» ici, de «boules» là, de «trous», de «cul», d'odeurs qui sentent aussi le remugle parfois et d'impatiences fondamentales avec dans la voix une langueur jamais monotone. «Je veux bien me fendre en deux/ Pourvu que ce soit dans tes yeux.» Qu'est-ce alors sinon de l'amour intégral? Voici sur un disque d'enfer quatorze bulles de rêves, de silences et d'espoirs («Il est là, le soleil!»...). Du nectar.

Baptiste Vignol