This is shit


Ceux qui espéraient que derrière ce titre provocateur se cache un assassinat en règle du « roi de la pop » vont être déçus. Michael Jackson a déjà été assassiné mieux que je ne l’aurais fait par son propre médecin; et puis j’ai trop de respect pour les inventeurs. Nous ne parlons pas là d’un musicien ordinaire, mais d’un génie qui ne s’est d’ailleurs pas borné à faire évoluer seulement la musique. Michael est aussi l’incontournable inventeur du tourisme sexuel à domicile grâce à son parc d’attractions qui lui permettait d’affréter, directement chez lui, des enfants du monde entier. Il faut bien du talent pour parvenir à se faire pardonner pareil travers et conserver ses fans malgré tout. Michel Fourniret, piètre musicien de son état, en sait quelque chose et ne reçoit pour sa part que quelques rares demandes en mariage.
Mais ce n’est pas de ce petit manège enfantin dont je voulais vous parler. Bambi est mort et ses vices avec. Voilà le sujet. S’il fallait une preuve supplémentaire que le monde danse le moon walk sur la tête, la voici. «This is It».
Les déviances du chanteur masqué semblent presque humaines comparées à l’immoralité macabre de certains membres de sa famille et de ses anciens producteurs. La dépouille de l’idole encore fumante, les hommages ont un goût de marketing en putréfaction. Les vrais profanateurs ont une excuse : la haine. Une haine aveugle qui me paraît soudain moins dégueulasse que toute cette lucide cupidité. Les images des dernières répétitions de M.J., tournées à l’origine pour le bonus DVD, sont rebaptisées «film/testament». Beurk ! « This is It » ne restera que 15 jours à l’affiche, parce que ce n’est pas du business, non !… C’est un hommage ! Dépêchez-vous mesdames messieurs, il est bien frais mon mort, profitez-en, il n’y en aura pas pour tout le monde. Re-Beurk ! Les télés, les radios, sinistres complices, relaient à l’envi cette lugubre opération ; de peur sans doute que le succès inéluctable se fasse sans eux, ils l’amplifient. Un audimat même funeste, ça compte. Et les millions de fans, ou pas, manipulés, ou manipulés, s’en vont, gentils disciples disciplinés, remplir les sales salles. Ils déverseront leurs oboles dans les poches de producteurs machiavéliques qui ne pensent qu’à les faire revenir à d’autres messes payantes. La sinistre famille, engrangeant les millions de dollars, continuera à nous distiller sa tristesse au rythme d’hommages aussi rentables que faire se peut. Oui, Michael Jackson était un visionnaire. C’est même à se demander si ce n’est pas son extrême lucidité qui l’avait poussé à entamer sa décomposition de son vivant ?

Vincent Baguian.

L'âme des poètes


Quel effet cela fait-il d'avoir écrit un classique ? Autrement dit une chanson dont on sait, sitôt enregistrée, qu'elle marquera son époque et se jouera des décennies. Dans le sillage d'Avec le temps, Que reste-t-il de nos amours ?, Mistral gagnant ou Je t'aime moi non plus. Ces chansons qui ne vieillissent pas. Il faudrait le demander à Jeanne Cherhal et Benjamin Biolay qui dans un duo prodigieux, Brandt Rhapsodie, condensent en quatre minutes et quarante-quatre secondes ce qui faisait la magie du cinéma de Claude Sautet. Dont les films n'ont pas pris une ride.

Baptiste Vignol

Cliquer sur Brandt Rhapsodie

Que reste-t-il d'Henri Tachan?


Que reste-t-il d'Henri Tachan? Deux centaines de chansons, violentes, charpentées, parmi lesquelles des chef-d'œuvres (La table habituelle, Ma mère, Les z'Hommes, Pas vieillir, pas mourir, Entre l'amour et l'amitié, etc.) qu'illustrèrent en 1979 Cabu, Gébé, Reiser, Willem et Wolinski. L'ensemble de sa discographie vient d'être rééditée en une intégrale soignée.
Mais Tachan, c'était d'abord la scène. Qu'il a décidé d'arrêter, après 35 ans de tournées. Henri Tachan, ou le charisme des chanteurs à l'ancienne, ceux qui donnaient tout, à la Brel, simplement accompagnés d'un piano et d'une contrebasse. Jacques Brel disait d'ailleurs de Tachan : «Mesdames, le lion est lâché.»
Depuis quelques années, Tachan coule des jours heureux dans le sud de la France.


Pas plus tard qu'hier, pour chercher la définition exacte du «lit d'une rivière», je consultais le Robert Culturel en 4 volumes d'Alain Rey et trouvai dans la partie du mot consacrée au «meuble destiné au repos, au coucher, aux activités sexuelles», l'illustration textuelle suivante : «Entre l'amour et l'amitié, il n'y a qu'un lit de différence, / Un simple pageot, un pucier, où deux animaux se dépensent […]» (Henri Tachan, L'Amour et l'Amitié).
Henri Tachan sait-il seulement qu'un fragment de son œuvre figure dans un dictionnaire qui fait autorité? Un juste retour des choses pour un homme qui n'a jamais écrit ni chanté pour passer le temps.

Baptiste Vignol

Mes comptes d'apothicaire


La rubrique Indiscrets du Paris Match du 1er au 7 octobre 2009 révélait: "Maurane redécolle. Son disque hommage à Claude Nougaro est la bonne surprise musicale et commerciale de la rentrée. Trois semaines après sa sortie, NOUGARO OU L'ESPÉRANCE EN L'HOMME s'était déjà écoulé à plus de 75 000 exemplaires. Un record de ventes dans une industrie musicale sinistrée..."
Sauf que trois semaines après sa sortie, l'album de Maurane ne s'était réellement vendu, hélas, qu'à 20 700 unités. Quasiment quatre fois moins que le résultat annoncé. Alors? Mensonge de Match ou indiscrétion non vérifiée? Ça n'est pas avec ce genre d'annonce fallacieuse qu'on crédibilisera le marché de la variété...
Six semaines après sa sortie, au soir du 4 octobre 2009, le CD s'était écoulé à 34 500 exemplaires. La moitié du chemin?

Baptiste Vignol

Frédéric Mitterrand et Benoît Hamon : deux beaux enculés


Tout d’abord je tiens à préciser que mon esprit libertin s’offusque rarement de quelques pratiques sexuelles que ce soit. Je reconnais le droit et pratiquement le devoir à chacun de s’enfiler comme bon lui semble, par devant, par derrière, entre hommes, entre femmes, avec des objets, en se mélangeant, seuls, à deux ou à plusieurs. Celui-ci attiré par les travestis, un autre gérontophile, une dame mûre qui traque les jeunes éphèbes, je m’en branle. Que chacun agisse comme bon lui plaise, bisexuel, homosexuel, hétérosexuel, fétichiste, masochiste, soumis, la débauche a ses vertus. Je ne suis même pas choqué et pour tout avouer parfois sensible à certains désirs interdits et inavouables, tant qu’ils restent au stade de phantasmes. Le sexe, c’est toujours un peu sale quand c’est bien fait, et c’est pour ça que c’est tellement bon.
Ce préambule étant établi, je ne m’attendais pas à être désarçonné par les propos de Frédéric Mitterrand en entamant les pages qui font débat de son livre « La mauvaise vie ». J’aurais même accusé à priori la société d’excessive pruderie avant d’avoir pu juger par moi-même. Et je ressors de là avec la nausée. Non seulement le fait d’acheter des services sexuels dans un bordel avec des êtres humains portant des numéros ne ressemble pas à un échange libre entre adultes consentants, contrairement à ce qu’il déclare sur les plateaux télés, mais le fait d’en faire un livre est une circonstance aggravante. S’acheter une bonne conscience sous couvert d’aveux littéraires m’écœure. Il y aurait donc les pratiques dégueulasses de quelques incultes avides de sexualité bestiale sans fondement et celles de Monsieur Mitterrand, intellectuellement acceptables, en cela qu’elles produisent une œuvre ? Le photographe qui exercerait son talent à honorer une seconde fois les putes qu’il vient d’enfiler en offrant au public les clichés de ses ébats ne vaudrait pas mieux. Si vos remords, Monsieur Mitterrand, vous poussaient à vous amender, il fallait réserver vos aveux à un confessionnal ou à un tribunal, au lieu d’en faire commerce. Le récit détaillé de vos aventures infâmes (195 000 exemplaires) vous aura rapporté largement de quoi rembourser vos péripéties et votre voyage thaïlandais. Voici une belle manière de faire fructifier votre débauche, dépossédant au passage d’une part de ses bénéfices celui qui n’avait que son corps à vendre. Que vous ayez accepté que votre pouvoir d’achat serve de sex appeal en France, ou pire en Thaïlande, cela vous déshonore, mais peut m’inspirer à la rigueur un peu de compassion ; il faut s’aimer bien peu et mépriser au plus haut point le genre humain pour en être réduit à une telle extrémité. Mais que de cet «Enfer sexuel» vous ayez l’audace de faire un «Paradis de bénéfices» sous couvert de culture, cela, je ne vous le pardonne pas.
Quand à Benoît Hamon réclamant à tout bout de champ la tête de l’un ou de l’autre, pourvu qu’il soit du camp adverse, petit tartuffe de circonstance, prêt à emboîter le pas du Front National à des fins beaucoup plus politiciennes que morales, très discret quand il s’agit de débordements imputés à des membres de son propre parti, décomplexé du doigt d’honneur surtout quand on s’attaque à son auguste personne, silencieux pratiquement tout le temps concernant les dérapages du monde, trop occupé qu’il est à viser les sommets de son pays, je trouve qu’il y a des sujets sur lesquels il ne faut pas s’étendre, même gratuitement.

Vincent Baguian

Delon by Baer


Inspiré par les photos du site danslesyeuxdalaindelon.com, Julien Baer a composé une chanson inédite, livrée ici, sur Youtube, dans sa version démo, enregistrée dans son salon.
Attention: mélodie entêtante.
D'autres chansons d'autres chanteurs devraient suivre...

Delon