Gilbert Laffaille, avec deux f. De ces auteurs-compositeurs capables de fabriquer des chansons aussi rondes, poétiques, fraîches et surprenantes qu'une goutte de pluie qui vous tombe sur le front en plein soleil. Dont les mots, à nu, supportent sans peine l'épreuve de la lecture. La plupart des chansons de sa dizaine d'albums (LE PRÉSIDENT ET L'ÉLÉPHANT, son premier 33 tours, est sorti en 1977) furent éditées par le fort regretté Christian Pirot dans deux recueils, «La ballade des pendules» (1994) et «La tête ailleurs» (2001), préfacés par Claude Duneton et Philippe Delerm. Cette élégante collection destinée aux paroliers réunissait Bernard Dimey, Brigitte Fontaine, Francis Lemarque, Pierre Louki, David McNeil, Georges Moustaki ou bien encore Gilles Vigneault. En 1981, un autre poète, Claude Nougaro, demandait: «Vous connaissez Laffaille? Voilà un garçon qui, mine de rien, en dit des choses!» C'était à l'époque de son troisième disque, KALÉIDOSCOPE (1980). Mais n'est-ce pas aussi pour Gilbert Laffaille que fut créée l'expression «Nouvelle Chanson française»? Elle regroupait à la fin des années 70 Alain Souchon, David McNeil, Renaud, Louis Chedid, Francis Cabrel, Yvan Dautun, Isabelle Mayereau, Philippe Chatel, et proposait une troisième voie à l'alternative «Chanson à texte» d'un côté (dont les chefs de file étaient Béart, Brassens, Brel et Ferré), «Variété pailletée» de l'autre (celle des Cloclo, Mike Brant, Mireille Mathieu et Johnny Hallyday). Rappelons également que Stéphane Grappelli, Richard Galliano, Maurice Vander et Jean-Jacques Milteau l'escortèrent sur certains morceaux... Assez!
Quatorze ans que ce monsieur de la chanson n'était pas allé en studio. LE JOUR ET LA NUIT vient de tomber, et c'est Laffaille qu'on retrouve, avec ses chansons de rage douce. Dédiée à Josiane, sa chère et tendre, disparue en 2005, le disque s'ouvre sur une lettre magnifique : «Si un jour léger / Dorait tes cheveux / - Je peux bien rêver / un peu? -» (Si tu n'es plus là). Et nous voilà partis pour douze complaintes climatiques qui passent de l'orage qui menace à l'azur mascarin, de la bourrasque à l'embellie, aussi bonnement que le temps tourne sur les criques du bout du monde. «Le ciel est bleu, la mer est grise / La lumière change à chaque instant / Il y a des îles indécises / Et des pays de goélands» (La chambre rose). Qu'ajouter si ce n'est qu'avec Jardin des plantes, sixième plage du CD, Gilbert a écrit une chanson qui aurait fait partie des tours de Charles Trenet si le maître l'avait signée. Deux minutes quarante de grâce pure. Laffaille est de retour.
Quatorze ans que ce monsieur de la chanson n'était pas allé en studio. LE JOUR ET LA NUIT vient de tomber, et c'est Laffaille qu'on retrouve, avec ses chansons de rage douce. Dédiée à Josiane, sa chère et tendre, disparue en 2005, le disque s'ouvre sur une lettre magnifique : «Si un jour léger / Dorait tes cheveux / - Je peux bien rêver / un peu? -» (Si tu n'es plus là). Et nous voilà partis pour douze complaintes climatiques qui passent de l'orage qui menace à l'azur mascarin, de la bourrasque à l'embellie, aussi bonnement que le temps tourne sur les criques du bout du monde. «Le ciel est bleu, la mer est grise / La lumière change à chaque instant / Il y a des îles indécises / Et des pays de goélands» (La chambre rose). Qu'ajouter si ce n'est qu'avec Jardin des plantes, sixième plage du CD, Gilbert a écrit une chanson qui aurait fait partie des tours de Charles Trenet si le maître l'avait signée. Deux minutes quarante de grâce pure. Laffaille est de retour.
Baptiste Vignol