C'est Genty


Pour l'instant, j'suis pas encore trop connu, ça va, mais après… j'sais pas chantait-il en 2004 sur son premier disque, HUMBLE HÉROS. Dix ans plus loin, ça va toujours - hélas !-  pour Gérald Genty. Mathieu Boogaerts, dont Genty pourrait être un disciple, disait en 2012 à l'occasion de la sortie de son plus récent album à ce jour, comprendre pourquoi il plaisait moins que Patrick Bruel, mais ignorer les raisons pour lesquelles il ne vendait pas autant qu'un Étienne Daho. Question d'accessibilité; le charme fou des premiers Daho l'ont placé à la portée du très grand public. Leur pouvoir foudroyant explique l'aura dont jouit encore le Rennais qui pourtant n'a ajouté aucun hit à son palmarès depuis Comme un boomerang (qui n'était pas de lui, mais de Serge Gainsbourg) en 2001, déjà. Étienne Daho, cette machine à tubes qui faisait danser... En panne. Si Gérald Genty n'a jamais pu atteindre la mini-popularité de Boogaerts, ses chansons, qui sont beaucoup plus profondes qu'elles n'en donnent l'air, ne présentent aucun obstacle au succès. Bizarre cette indifférence. MANÈGE ÉTERNEL est son quatrième CD. Comme les précédents, il propose des choses épatantes. Deux jolies complaintes tourmentées comme le sont les pinèdes des Landes quand l'orage les torture marquent ce disque plein de charme et d'humour: l'érotique et lasse Pyla, avec pour décor les dunes de la côte Atlantique, et M.A.T.I.N. la désenchantée, sur la sombre condition du chanteur rattrapé par son insuccès qui doit, pour gagner sa vie, se reconvertir et, comme tout un chacun, se lever tôt: «Je préférais, ça m'attriste, ma vie d'avant, ma vie d'artiste»... Gentil Genty? Beaucoup plus que ça.

Baptiste Vignol