Nul n'attendait plus Franck Monnet, porté disparu après le flop de MALIDOR, son quatrième et fougueux album sorti en octobre 2006, dont la pureté des mélodies l'installait déjà hors de la sphère commune. Avec WAIMARAMA (le nom d'une petite ville en Nouvelle-Zélande), Monnet ne baisse pas les voiles. Rien d'anormal à ce que ce fabuleux compositeur vive désormais au pays du long nuage blanc, où fleurit depuis l'avènement des frères Finn ce qui se fait de plus élégant en pop idéaliste. D'ailleurs, le portrait de Monnet qui figure sur la pochette de WAIMARAMA rappelle étrangement celui d'un ancien disque solo de Tim Finn... Derrière son livret à l'esthétisme plaisant, qu'ouvre une amicale notice expliquant son silence septennal, bouillonnent dix chansons cristallines, à la résonance unique en France, sur, tour à tour, la crise économique vécue au quotidien (Anorak), l'ambition, ce feu qui brûle en soi (Quelqu'un), le désir (Plus rien à ne me mettre), le couple (Ton héros), l'éternel tableau qu'est Paname (Paris) et sa mise en vers épatante. Pourtant, plus belles encore, l'autoportrait de Sans John, le bonheur de vivre et d'aimer que Monnet chante dans Différents avec une limpidité digne d'un Paul McCartney, l'émouvante flânerie dans Montréal en souvenir de Lhasa de Sela (Les Faons) sont de ces très rares chansons dont la luminosité émerveille. Grâces leur soient donc rendues.
Baptiste Vignol