Sous les étoiles, Le Vaillant


Dites, n'y a-t-il pas plus urgent que de remercier Serge Le Vaillant, l'un des grands intervieweurs du pays? Franchement. Depuis des lustres, Serge accompagne nos nuits intérieures, conviant sous les étoiles exactement, avec une curiosité jamais interlope, des figures de la Chanson, du Jazz, de la Littérature et des Arts dessinés, mais aussi des créateurs en germe auxquels il est souvent le seul à ouvrir son micro. Son rendez-vous nocturne, quotidien depuis 1997, s'était déjà vu relégué en septembre 2012 aux nuitées de fin de semaine, celles des vendredi et samedi, pour, «économie» oblige - mais de quelles économies parle-t-on ?-, ne proposer aux insomnieux, noctambules et autres nuitards que de la froide rediffusion. Radio France, oui. Fermée la nuit! On dit aujourd'hui qu'il serait viré de l'antenne. Ok. Mais pour le remplacer par qui, par quoi, nuitamment? «Sous les étoiles exactement» n'est pas «Chabada». Cette émission a tissé sa toile sous la lune, à force de découvertes (Camille, Loïc Lantoine, Emily Loiseau, Alexis HK, Keren Ann, Albin de la Simone, La Grande Sophie, Vincent Baguian, Jeanne Cherhal... y ont débuté) et d'entretiens menés de voix de maître. À la volée et au hasard, que d'heures à écouter Charles Aznavour, Irène Papas, Claude Nougaro, Christian Cabrol, Renaud, Ennio Morricone, Jean d'Ormesson, Michel Legrand, Jean-Louis Murat, Henri Troyat, Bernard Clavel, Dominique A, Jean-Louis Trintignant, Danyel Waro... Ils sont l'honneur de Le Vaillant. «J'ai eu beaucoup de plaisir à ce que vous m'interviewez, lui dit une nuit et en direct Annie Girardot. Je pense que c'est rare, j'ai rarement eu une personne comme vous qui m'interviewe avec autant de talent et autant de gentillesse, plus que de la gentillesse, beaucoup de tendresse.» Supprimer «Sous les étoiles» de l'antenne, ce serait arracher d'Inter ce qui en fait encore une station différente, capable d'offrir des plages de silences lumineux, d'intermèdes et de réflexions.

Baptiste Vignol