Net est Turboust



Disons les choses comme elles sont: le cinquième et plus récent album d'Arnold Turboust, sorti en octobre 2016, expose, et sans ostentation, tout ce qui, depuis vingt ans, manque aux chansons d'Étienne Daho. Ce dernier, en effet, ayant bizarrement décidé, après EDEN, en 1996, de poursuivre sa route sans son génial compositeur auquel il doit pourtant ses plus fameux éclats : Tombé pour la France, Pop satori, Épaule Tatoo, Quelqu'un qui m'ressemble, Les pluies chaudes de l'été, L'Enfer enfin, parmi d'autres joyaux. Le timbre et l'univers ambigu de Daho, la force immédiate de ses textes n'auront jamais trouvé mieux pour les sublimer que la clarté lunaire des musiques pop et légères de son cadet bouclé du Calvados. Écoutez Souffler n'est pas jouer, Que la fête commence, Ma danseuse, Tout est dans le flou, Bubble gum ou bien encore En king size. Ces chansons-là sonnent et résonnent comme du Daho d'avant, quand le Rennais, royal, était une machine à flirts, à tubes et faisait danser la jeunesse. Qu'exiger d'autre d'une chanson qu'elle vous tombe dans l'oreille? Avec un style aussi pur qu'il est raffiné, Arnold Turboust n'a, malgré les années qui passent, rien perdu de son pouvoir fécond.

Baptiste Vignol