Les promesses du Noiseur


On en a vu, depuis la mort de Gainsbourg, défiler d'épaisses ombres qui, l'ayant trop écouté, n'en étaient que disciples souvent fort maniérés. Parce qu'il s'est éveillé avec le rap, et que la chanson française lui semble avant tout «poussiéreuse» («et je n'aime pas la poussière» insiste-t-il), Simon Compocasso, dit Le Noiseur, insuffle une toxicité bienvenue à ce style quelque peu endormi qu'est aujourd'hui, côté garçons, la chanson impudique, citadine et mélancolique. Trois titres sont disponibles sur la Toile: 24x36, Du bout des lèvres et Loin de vous. Suffisant pour se rendre compte qu'une porte vient de s'entrouvrir dans le pavillon somnolent des grands sentimentauxFiévreuse, l'écriture du jeune homme est sans bavure. Ses musiques ont la noirceur onduleuse «qu'en rôdant tracent les chandeliers» dont parlait Hugo dans Plein ciel. Et l'interprétation, faussement nonchalante, cache une urgence qui, chez lui, interdit toute vaine référence. Pourtant, à l'écoute de ces trois chansons, les passionnés songeront aussi, et d'abord, à Julien Baer, Daven Keller ou Yves Simon pour la sensibilité romantique et l'expression de ses chants intérieurs. L'album est annoncé pour début 2015. Patience.

Baptiste Vignol