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Comment se lancer dans la chanson quand on s'appelle Cabrel et qu'on est la fille de Francis sans pâtir des sempiternels - et parfois fondés - préjugés sur les «enfants de»? Portant fièrement son nom, Aurélie s'en sort avec honneur, chantant, qui plus est, trois chansons composées par la star d'Astaffort (limpide Lève les bras, saisissante Tout l'indiffère) à qui elle dédie, et c'est habile, pour clore son album, Je ne suis pas jalouse: «Même si je suis consciente / Que vous le connaissiez / Bien avant que je chante / Je ne suis pas jalouse...» L'atout d'Aurélie Cabrel, c'est sa voix, qu'elle a chaude, claire et d'une justesse impeccable. Voilà qui commence bien puisque ça n'est plus si courant quand on écoute la nouvelle variété. Intelligemment écrite, produite avec soin, cette douzaine de chansons donne un disque à la simplicité franchement séduisante. Mais ce qui frappe, et bizarrement n'agace jamais, c'est la similarité vocale qui unit Aurélie à son père dont le timbre fait désormais partie de notre patrimoine. Mêmes intonations, même façon de faire durer les syllabes, de les enjamber, d'appuyer sur les voyelles, de buter sur certaines consonnes. C'est du Cabrel, pas de doute, et ça sonne avec tact. Actée cette singularité, Aurélie Cabrel devrait pouvoir s'exprimer, sans que son illustre ascendance ne lui fasse de l'ombre.

Baptiste Vignol