À jamais Dalcan


Sur la pochette du disque, il semble vouloir réveiller le désert, l'inviter à la danse. Quinze ans que Dominique Dalcan ne s'était pas présenté sous son nom. «Je suis là/ Vous en pensez quoi?» demande-t-il d'entrée (C'était quoi la question?). Qu'il était temps qu'il revienne rayonner sur nos contrées endormies… Pourquoi la plupart des albums des chanteurs «pop» français provoquent-ils des Sahara d'ennui quand ceux de Dalcan irradient, immanquablement? Question d'éducation, sûrement, de vision sur le monde. Sa manière si personnelle de concevoir des chansons ambitieuses, de facture classique mais aux proportions michelangelesques, le mouvement des phrases dans la mélodie, le détachement de l'interprétation, le refus de faire comme, donc de pondre du sous-Polnareff ou du sous-Françoise Hardy, contribuent à la majesté de son style. Si certains de ses plus illustres collègues s'écoutent désormais chanter, convaincus d'être (devenus) des auteurs d'importance, Dalcan, sans s'égarer, subjugue par sa virtuosité orchestrale. Il flotte dans sa musique un petit air kiwi, l'élasticité délicieuse de la «new wave» néo-zélandaise, où s'est posé Franck Monnet, autre oiseau rare retrouvé après huit ans d'exil et dont il faudra bien prendre le temps de découvrir WAIMARAMA, qui sort le 24 février 2014. Quand on aura cessé d'écouter HIRUNDO, modèle d'élégance, et de feu, qui tourne, les ailes éployées, au-dessus de nos variétés uniformes.

Baptiste Vignol