Contrairement à ce que l'on entend souvent en France concernant la chanson, au Québec, rien n'est moins ringard que de s'exprimer en français. Probablement parce que les jeunes Québécois, parfaitement bilingues (ils grandissent en écoutant les radios anglophones), ne font aucun complexe linguistique. Pour eux, le précepte selon lequel le français ne serait pas une langue qui résonne n'est qu'une baliverne parisienne. Mieux, parler et chanter en français témoigne d'un engagement chez les Québécois tout autant que d'une liberté culturelle. Peter Peter a tout du jeune Américain, l'allure hipster, les racines cinématographiques et le regard affranchi. Son deuxième album sorti au mois d'août 2012 porte un joli titre à rallonge: UNE VERSION AMÉLIORÉE DE LA TRISTESSE. «Moi et mes amis travaillons fort / À noyer la douleur et l'ennui / Nous forgeons au sein de nos ivresses / Une version améliorée de la tristesse.» Des chansons néons qui évoquent la nuit montréalaise, ses intrigues et ses inéquations («Tu m'as dit: "C'est impossible mais c'est réciproque" / Toi, ma beauté baroque»), ses corps à corps, ses matins déformants («Tout prend son sens dans le miroir / C'est à l'envers que je me vois»), nappées de synthés planants et obsessionnels («Tu tournes dans ma tête comme un carrousel, / Être malade me plaît»). Chahutées par des boîtes à rythmes et des solos de sax crus à l'ancienne, ces chansons vaporeuses s'affirment tout aussi bien quand Peter Peter les interprète simplement à la guitare. Signe de leur puissance mélodique. Le disque du Québécois sera disponible en France en janvier 2014. Bonne nouvelle. En cette période difficile, sa belle gueule devrait faire le reste.