Réputé dans le métier pour ses qualités d'arrangeur et de pianiste, Albin de la Simone prend parfois le micro. Son quatrième disque, UN HOMME, révèle un auteur. Un parolier disert, vif, élégant. Le doute, l'inconstance, le mensonge, l'amour et la folie des hommes structurent ces nouvelles chansons. «Lassé d'imaginer mon frère, couché à jamais sous le drapeau français» par exemple, pour dire l'insondable tristesse que cela doit être de perdre un proche tombé au combat (Mort en plein air). Poignant. Serai-je digne d'être père, en aurai-je la force, malgré mes épaules «pas carrées»? (Mes épaules) Le genre de question que l'on se pose encore, en 2013, passé quarante ans. «Si ça tient, tu m'épouses?» Ben voyons. À chaque enregistrement, ADLS s'offre un écho féminin. Feist, Jeanne Cherhal, Vanessa Paradis apparaissaient au fil des trois précédents. Là, c'est l'Islandaise Emiliana Torrini, pour un dialogue égotiste. «Parlons plutôt de moi, non?» (Moi Moi) Quant à La première femme de sa [ma] vie, le chanteur nous apprend qu'elle fumait des Alain Delon, ça, c'est la grande classe (ceux qui les ont goûtées n'ont jamais pu allumer d'autres cigarettes), mais aussi qu'elle avait dans la voix un grain de poivre «qui lui [me] plaisait par-dessus tout». La voix d'Albin, elle, diaphane et pas franchement dilatable, abriterait plutôt un pépin de citron. Pourtant, portée par des chansons simples, elle paraît s'être épanouie. Cet album diabolo témoigne enfin d'une évidente et profonde dilection pour la «grande» variété populaire. La base.
Baptiste Vignol