On ne meurt plus d'amour (4'26). Bien sûr, l'efficacité du refrain, sa musique obstinée qui porte à l'extase. Mais la première phrase du disque: «J'avance nue...». Le résumé de l'album. Robi chante-t-elle comme elle se déshabille? En liberté, romantique, elle ne fait jamais la mijaurée. Souveraine, elle s'exprime avec une pointe d'ascendance. L'apparition d'une lune sombre, mise en clip par la chanteuse. Lumineux. «Où suis-je mieux que dans tes bras?» demande-t-elle ensuite (Où suis-je?, 2'58). Les questions qui touchent. «Te suis-je en rêve?», «Te suis-je assez?»... Du rythme et des mots. «Sur le ventre, de côté, sur le dos...» (Je te tue, 3'03) Ce morceau moite ouvrait le six titres paru en 2011; seule chanson de l'EP à figurer sur L'HIVER ET LA JOIE. L'allée que trace Robi, jalonnée de scies entêtantes, est assez noble pour qu'elle y croise Dominique A (Ma route, 3'07) auquel les Inrocks affilièrent la Parisienne quand ils la repérèrent, citant également Portishead et John Parish. Voilà pour les références. Onze chansons dans lesquelles on se plonge malgré la nappe de glace qui les recouvre. Reste le cover inattendu d'un vieux morceau de Trisomie 21, groupe du nord de la France étiqueté cold wave en 1983. «L'été, l'automne, le blanc, le noir» entendait-on dans ce minitube underground. Son titre? Il se noie (4'39). Ce qui jamais n'arrive ici. Car L'HIVER ET LA JOIE fera même le bonheur de ceux qui ne croient plus en la chanson française. Premier grand CD 2013.
Baptiste Vignol