Avec un J, avec un B, comme Julien Baer

Voilà quinze ans, depuis LE LA, “Rue du regard, rue Sedaine / Je vais où mes pas me traînent / Rue des Trois Frères, rue Désir / Je vais où mes pas me tirent...” (L'immobilier), que Julien Baer se tait, qu'il ne chante plus ni ne nous emmène avec lui déambuler dans ses pensées et ça fait mal au cœur car son premier disque sorti en 1997, qui contenait Le monde s'écroule, Marie pense à moi, Cette fille s'appelle demain, parmi d'autres pétales, puis CHERCHELL en 1999, puis NOTRE DAME DES LIMITES (2005), restent des trésors de délicatesse et de sensualité caressante (“Quand tes dix doigts d'un geste lent effleurent la soie / Où se dessinent / Tes seins que tu frôles à présent d'un air absent / Qui me fascine...”, J'aime imaginer), des trésors, donc, de délicatesse et de sensualité pour celles et ceux qui bercèrent leurs insomnies, leurs réveils, leurs amours pâles et roses au fil de ces chansons boréales. Il suffit d'écouter la production masculine depuis quinze ou vingt ans pour pleurer le silence de Julien Baer, ce silence buté, lointain et qui dure longtemps. Un silence céleste, certes, celui d'un roi de l'underground. Le revoilà pourtant, sans voix ni musiques, si ce n'est celles de ses mots, dans un recueil qui vient de paraître chez Seghers. Le lire, alors, en attendant. En attendant les beaux jours.

Baptiste Vignol