Qui va là?


Son nom déjà, pour commencer : Alma Forrer, qui s'invite comme une promesse et semble couvrir quelque mystère. Il pourrait être celui d'une actrice hollywoodienne des années cinquante. D'une romancière oubliée de la Lost generation. D'une cartographe péruvienne ayant exploré les glaciers de l'Himalaya. D'une pionnière de l'aviation... Mais non. Il est celui d'une jeune Parisienne qui vint au monde quand Vanessa Paradis chantait Be my baby. C'était en 1993. Il y a vingt-six ans déjà. Et comme Vanessa Paradis dans ce tube de Lenny Kravitz, Alma Forrer chante les amours qui brûlent. Son premier album vient de sortir. L'ANNÉE DU LOUP. Il n'a rien d'un loupage. Sa voix d’eau claire est un manteau de brumes. Et ses chansons sont des soupirs, des abandons. Des SOS amor. « Ce qui compte, c’est pas la fin / C’est de tout claquer et de le faire super bien… » Comment mieux le dire autrement? Certains suivent leur instinct. Alma Forrer n'écoute que ses passions. Qu'elle dévoile sans baisser les yeux. « Moi, j’ai les crocs, bébé / Après j’sais pas pour toi… » Tout est là. Dans l’incertitude, l'écume. Et le sang qui palpite. Le miel, la sève, la chair. «La pulpe du soleil qui gicle entre mes doigts.» La pulpe du soleil qui gicle entre ses doigts... Ainsi s'achève L'ANNÉE DU LOUP, ce disque qui n'a rien d'almanach. Idéalement arrangées par l’anglais Ben Christophers, ces chansons boréales donnent aussi l’air étrange d’être tombées, phosphorescentes, d'un ciel polaire, mauve et tempétueux. Alma Forrer a du style, vraiment. Une voix de rêves. Et le nom d'une songwriter qui d'entrée se démarque.

Baptiste Vignol