Du Zazie revenue


Depuis MADE IN LOVE en 1998, elle avait sorti six albums et quelques tubes (Rue de la paix, Adam & Yves, Je suis un homme), sans oublier ceux qu’elle a signés par ailleurs (Allumer le feu pour Johnny Hallyday, Double je pour Christophe Willem), mais n’avait plus enregistré de disque d’une telle harmonie. Propulsé par Speed cet été, ce hit immédiat (faut-il avoir les oreilles crottées pour en douter une seconde?), chaque chanson d’ESSENCIEL développe une idée, fouille, cisèle, sans que cela ne soit jamais tiré par les cheveux. Zazie est une grande parolière, qu'on retrouve inspirée, subtile et généreuse. Nos âmes sont (sombre et désespérante), On s’aima fort (triste et lucide) ou La source (chanson de femme, limpide et murmurante) sont des modèles d'écriture. Pourtant, c’est peut-être avec Garde la pose que l'ancienne «coach» (ouf!), par cette fin d’été caniculaire, se montre la plus implacable. Elle y dépeint en trois minutes et douze secondes nos existences sur-balisées, leur écoulement labyrinthique. La force d'une chanson dont l'étoffe surpassera toujours l'engagement d'un François de Rugy... « Groenland? / Plus de glaciers / Le Japon? / Irradié / Mais elle est où, cette plage de rêve? »… Quelque part dans les Mascareignes, Zazie, entre les longitudes 63˚ 20’ E et 63˚ 30’ E et les latitudes 19˚ 40’ S et 19˚ 46’ S. Mais ne le répétons pas trop, pour qu’Anse bouteille (c’est son nom) le reste encore un peu… Voilà. Une chanteuse est donc de retour, toute à sa discipline. Ce qu’indique le joli sourire qu'elle affiche à l’intérieur du livret. Celui d’une artiste honnête.

Baptiste Vignol