Banana Blitz


Mieux vaut une Victoire d’honneur que pas de Victoire du tout. Si Étienne Daho ne figurait pas dans la liste des chanteurs concourant aux prochaines Victoires de la Musique, c’est qu’il avait été décidé, en accord avec l’artiste, qu’il lui serait décerné une Victoire d’honneur. Pour expliquer ce choix, la présidente de la cérémonie, Natacha Krantz-Gobbi – elle est par ailleurs, ça tombe bien, la patronne de Mercury, le label de l’ancienne idole des années 80/90 – juge bon de préciser dans un communiqué de presse: « Étienne Daho est iconique et adoré par tous. Sa gentillesse et son élégance en font un artiste à part. » Il faut donc être très, très gentil pour recevoir une Victoire d’Honneur... Il fallait surtout, semble-t-il, en passer par ce micmac pour que d’une façon ou d’une autre, le « Pape de la pop », ainsi que l’a récemment surnommé une certaine presse parisiano-parisienne, soit glorifié dans ce ramdam télévisé. Avec probablement l’idée de relancer un album qui ne s’est écoulé, malgré les fêtes de Noël, qu’à 55.000 exemplaires, quand le disque de Louane (sur lequel se trouvent des chansons signées Benjamin Biolay, Julien Doré et Vianney), sorti comme BLITZ fin novembre 2017, a déjà séduit 250.000 fans. Une Victoire d’Honneur donc. Après tout, pourquoi pas? Si cela peut lui faire plaisir… Pourtant, s’il y avait une urgence à honorer quelques sommités de la variété française, il faudrait plutôt songer à Vline Buggy, Boris Bergman, Jean-Michel Rivat, Didier Barbelivien, Maurice Pon, David McNeil, Claude Lemesle ou Jean-Max-Rivière par exemple, tous auteurs de davantage de succès populaires que n’en compte Étienne dont le dernier hit remonte à l’an 2000. Ça date.

Baptiste Vignol