Katel épure


Élégie. Trois syllabes. Plainte et deuil. Pas très gai. Passons la pochette jaune Armstrong. Plate, elle affadit la robe jaune papillon que porte la dame dans le livret... Ce disque est un savon. S'en saisir, c'est pas de la tarte au citron. Mais il purifie les oreilles. N'écouter que Katel. Sa voix de feutre, ses inflexions. «Au large, au large, au large», largue-t-elle, dessinant de ses mots la présence glaciale de l'absence. «À l'aphélie», chante-t-elle par ailleurs, pour dire qu'elle s'éloigne du Soleil. De la chanson cométaire. Des paroles de cloitre et des musiques d'éther, réverbérantes. Ambiance «"Adieu" — "Adieu!" répliqua Écho...» (Ovide, Métamorphoses). On y entre à pas lents sous de longues et mélancoliques arcades. Car les chansons de Katel ne font pas de tralalas. Il faut se glisser dedans. Mais déjà le disque s'achève: «Ne parlez plus de ma peine / Ma peine a fait le tour de moi.» Le parcours de la peine chantait le roi Murat. Après la brume, la pluie. Vient ensuite l'éclaircie. Pure.

Baptiste Vignol