Jeu, set et match Séverin



Non seulement son troisième album, ÇA IRA TU VERRAS, paru début 2016, est l'un des quatre ou cinq plus beaux disques de chanson française sorti depuis l'an 2000, non seulement son concert donné à Paris le 7 avril dernier aux Étoiles figure parmi les plus séduisants vus ces vingt-cinq derniers années, non seulement il possède tous les atouts pour devenir immense: la gueule, l'identifiable grain de voix, la plume claire et taillée, l'inestimable capacité de décocher des mélodies arc-en-ciel (il est probablement le meilleur compositeur français en activité), mais son nouveau clip, Les hommes à la mer, tourné par Aurélie Saada du binôme Brigitte, devrait déjà recevoir la Victoire de la meilleure vidéo 2016. Toute la classe de Séverin s'y trouve condensée comme dans une balle de tennis: l'aspect cinoche de ses chansons, leur trame narrative, cool et désaxée, l'élasticité du refrain qui s'envole tel un lob et retombe en plein sur la ligne, l'imparable sourire dans la voix, avec cette pointe de tristesse automnale, ce détachement chic et solaire aussi, et, coup d'enfer à la Victor Pecci, l'art de dénicher, pour l'accompagner en images et régaler son public, la pépée qui tape dans l'œil. On n'avait pas trouvé mieux en France depuis Julien Baer. Ou Alain Souchon. En gros.

Baptiste Vignol