La voix, c'est elle


Tellement d'albums recommandables n'abritent en définitive qu'une, deux ou trois compositions valables qu'un EP proposant quatre titres habiles et enjôleurs devient désormais disque indispensable. Voilà l'offrande de Juliette Armanet dont le premier extrait, Manque d'amour, et sa ligne exemplaire, croule déjà sous les éloges de la critique unanime. Les trois autres plages du CD sont tout aussi bien roulées. Car ça galope, le vice dans la peau et ça fait des mises au point: «J'irai tout droit vers l'horizon / Sans chercher jamais de garçon» (Cavalier seule). Aïe. Ça envoie des Cartes postales, et n'est-ce pas délicieux ? Quand d'autres hennissent comme on twitte, à pleins naseaux, en piétinant l'orthographe, Juliette écrit. Sachant par surcroit, parce qu'elle saute les a priori, l'inimitable force sexy d'un solo de sax… Et puis ça présente ses adieux, en lançant «des bouteilles à l'amour» (Adieu Tchin tchin). Mais surtout ça chante comme nulle autre ici-bas, ça sonne, ça papillonne et ça décoiffe. Visiblement, cette fée cavaleuse connait la magie des musiques légères, dont les boucles teintées d'azur, d'écarlate, d'un seul coup d'ailes, se posent sur les ouïes délicates en y laissant de leurs couleurs. Alors bien sûr, si ces chansons courtes - mais amples - ont épinglé le revers de leur veste en jean d'un pin's de nostalgie, elles montrent avant tout la voie, et flattent le populaire, faisant mieux ressortir encore le caractère d'oasis de la pop chic et française. Une artiste vouée aux grands vents.

Baptiste Vignol