Quand les chanteurs fanfaronnent


Les interviews de Benjamin Locoge, il faut s'en délecter. On y trouve toujours un lièvre à soulever. Dans le Paris Match du 26 novembre 2015, le spécialiste des variétés interroge Étienne Daho à l'occasion de la sortie de son quatrième best of L'HOMME QUI MARCHE et prend ses désirs pour des réalités. À l'insolente question du journaliste : «Si vous ne vendez plus d'albums, Universal vous mettra dehors?», le chanteur répond: «Non. Et je vends encore des albums, 200.000 pour le dernier, par exemple…» Non, Étienne. Ce serait bien mais non. Les chiffres sont têtus. Sorti le 24 novembre 2013, LES CHANSONS DE L'INNOCENCE RETROUVÉE s'était alors écoulé à 83 107 exemplaires en cinq semaines. Joli score. Mais passées les fêtes de Noël, l'album n'a trouvé que 31 477 preneurs en 2014. Ce qui fait 114 584 disques au total. On est donc loin des 200 000 claironnés! À moins qu'au cours des onze premiers mois de l'année 2015, 85 000 retardataires se soient rués sur le cédé? Qui sait... Attendons les chiffres qui tomberont sous peu, et qui devraient plutôt tourner autour des 10.000 unités, grand maximum. Mais 125 000 disques, c'est bien, sans dec'! C'est même très, très, très bien. Alors pourquoi s'en ajouter 75 000 au compteur, l'air de rien? La Belgique peut-être. Ou le marché suisse... À moins que ce ne soit le souvenir trop fort des belles années de gloire qui vous rende Marseillais. Ce qui ne serait qu'une risible fanfaronnade de la part d'un Patrick Fiori parait aussi bêta dans la bouche du prince de la pop hexagonale. Dommage donc, Benjamin, d'avoir laissé passer cet inutile cocorico en toute fin d'entretien, car il avait de la tenue.

Baptiste Vignol