Jean-Louis 1er Comte d'Auvergne



La neige tombait en tourmentes. Comme un incendie. Lui, marchait, tête enfouie dans les épaules. On n'y voyait pas à deux mètres. Mais il avançait, dans ce pays, ce mouroir où, depuis quelques lunes, le froid jetait sa couverture. S'il en est un qui méprise les flocons du vedettariat, c'est jlm. Tout à l'écart tient ce crooner à côté duquel «nos» Victorieux sont des chiots. Cette façon d'habiller les mots, d'en rendre les syllabes désirables. Un genre de poète singulier, courtois, sur qui l'époque n'a pas prise. Pour ça qu'il laissera une trace souveraine. Son disque le plus récent, TOBOGGAN, le vingtième de sa collection, séduit par son monde caressant. On y parle de «transhumance», de «gibier», de «froid de loup», de «ciel rougeoyant», de «berger endormi»; on y entend aboyer les chiens, meugler les vaches, siffler le vent... On y brûle d'amour. En prière. «Si tout converge / Vers le ventre des mères / Zigzaguant devant la tanière...» Écouter Jean-Louis Murat, c'est regarder à travers des carreaux fleurdegivrés, près d'une cheminée qui ronfle, le souffle des cieux sans étoiles déchirer en longues plaintes les hauts branchages dans les ténèbres autour d'un lac de volcan (cf. Victor Hugo). Ça transporte. Agite-toi, paysage! Avant l'euphorie des moissons blondissantes, au cœur desquelles, à n'en point douter, jlm sertira quelques nouvelles raretés.

Baptiste Vignol