Aujourd'hui, 6 mai 2012


Vingt ans aujourd'hui que Marlene Dietrich est morte. La voix rauque de Marlene, l'intensité de son regard et ses jambes idéales captés par Josef von Sternberg dans «L'Ange bleu», sorti en 1930, feront de la Berlinoise une star planétaire, et du personnage qu'elle incarne, Lola, un mythe du septième art. En 1939, l'actrice refuse de rentrer en Allemagne, s'engage contre Hitler et soutient les soldats sur le front. De quoi recevoir en 1951, quand on ne l'épinglait pas à tire-larigot, la Légion d'honneur pour services rendus à la France. Quelques films encore après guerre, dirigés par Lang, Hitchcock et Welles, puis des tours de chant triomphaux à Londres, Paris et New York. Dans son répertoire, un chef-d'œuvre du protest singer Pete Seeger auquel Marlene donne un écho définitif: Where have all the flowers gone? Adapté en français par Francis Lemarque et René Rouzaud, l'hymne pacifiste devient Qui peut dire où vont les fleurs? Dietrich l'enregistre en mai 1962 - il y a cinquante ans !- avec Burt Bacharach à la direction d'orchestre. Le 45 tours paraît chez Pathé Marconi. Intemporel.

Qui peut dire où vont les fleurs du temps qui passe?
Qui peut dire où vont les fleurs du temps passé?
Sur les tombes du mois de mai, les filles en font des bouquets.
Qu'en saurons-nous un jour? Quand saurons-nous?... Jamais.

En ce 6 mai 2012, alors qu'au nom de la démocratie l'on se fait tuer en Syrie, en Égypte et ailleurs, certains chanteurs (parmi lesquels Anaïs, Yannick Noah, Camélia Jordana, Yael Naim, Joyce Jonathan), en quête d'originalité, convoqués ce soir à la Bastille, se demandent peut-être quels refrains interpréter. Mieux que Le temps des cerises ou La vie en rose, si prévisibles, Qui peut dire où vont les fleurs serait, pour prendre un soupçon de hauteur, la chanson idoine à fredonner aux électeurs en fête.

Baptiste Vignol

Qui peut-dire où vont les fleurs par Marlene Dietrich :
http://www.youtube.com/watch?v=zEe3qQg-HHY