Frédéric Mitterrand et Benoît Hamon : deux beaux enculés


Tout d’abord je tiens à préciser que mon esprit libertin s’offusque rarement de quelques pratiques sexuelles que ce soit. Je reconnais le droit et pratiquement le devoir à chacun de s’enfiler comme bon lui semble, par devant, par derrière, entre hommes, entre femmes, avec des objets, en se mélangeant, seuls, à deux ou à plusieurs. Celui-ci attiré par les travestis, un autre gérontophile, une dame mûre qui traque les jeunes éphèbes, je m’en branle. Que chacun agisse comme bon lui plaise, bisexuel, homosexuel, hétérosexuel, fétichiste, masochiste, soumis, la débauche a ses vertus. Je ne suis même pas choqué et pour tout avouer parfois sensible à certains désirs interdits et inavouables, tant qu’ils restent au stade de phantasmes. Le sexe, c’est toujours un peu sale quand c’est bien fait, et c’est pour ça que c’est tellement bon.
Ce préambule étant établi, je ne m’attendais pas à être désarçonné par les propos de Frédéric Mitterrand en entamant les pages qui font débat de son livre « La mauvaise vie ». J’aurais même accusé à priori la société d’excessive pruderie avant d’avoir pu juger par moi-même. Et je ressors de là avec la nausée. Non seulement le fait d’acheter des services sexuels dans un bordel avec des êtres humains portant des numéros ne ressemble pas à un échange libre entre adultes consentants, contrairement à ce qu’il déclare sur les plateaux télés, mais le fait d’en faire un livre est une circonstance aggravante. S’acheter une bonne conscience sous couvert d’aveux littéraires m’écœure. Il y aurait donc les pratiques dégueulasses de quelques incultes avides de sexualité bestiale sans fondement et celles de Monsieur Mitterrand, intellectuellement acceptables, en cela qu’elles produisent une œuvre ? Le photographe qui exercerait son talent à honorer une seconde fois les putes qu’il vient d’enfiler en offrant au public les clichés de ses ébats ne vaudrait pas mieux. Si vos remords, Monsieur Mitterrand, vous poussaient à vous amender, il fallait réserver vos aveux à un confessionnal ou à un tribunal, au lieu d’en faire commerce. Le récit détaillé de vos aventures infâmes (195 000 exemplaires) vous aura rapporté largement de quoi rembourser vos péripéties et votre voyage thaïlandais. Voici une belle manière de faire fructifier votre débauche, dépossédant au passage d’une part de ses bénéfices celui qui n’avait que son corps à vendre. Que vous ayez accepté que votre pouvoir d’achat serve de sex appeal en France, ou pire en Thaïlande, cela vous déshonore, mais peut m’inspirer à la rigueur un peu de compassion ; il faut s’aimer bien peu et mépriser au plus haut point le genre humain pour en être réduit à une telle extrémité. Mais que de cet «Enfer sexuel» vous ayez l’audace de faire un «Paradis de bénéfices» sous couvert de culture, cela, je ne vous le pardonne pas.
Quand à Benoît Hamon réclamant à tout bout de champ la tête de l’un ou de l’autre, pourvu qu’il soit du camp adverse, petit tartuffe de circonstance, prêt à emboîter le pas du Front National à des fins beaucoup plus politiciennes que morales, très discret quand il s’agit de débordements imputés à des membres de son propre parti, décomplexé du doigt d’honneur surtout quand on s’attaque à son auguste personne, silencieux pratiquement tout le temps concernant les dérapages du monde, trop occupé qu’il est à viser les sommets de son pays, je trouve qu’il y a des sujets sur lesquels il ne faut pas s’étendre, même gratuitement.

Vincent Baguian