Ce qu'a fait Mokaiesh


Il chante avec fièvre et urgence comme chantait Berliner, mais les imbéciles n'y verront pas de compliment. Au mois de mai 2014 sortait son deuxième album, L'AMOUR QUI S'INVENTE ; les radios demeurent étanches... Dirait-on qu'il a tout pour lui? Plutôt. La voix, la gueule, l'âge (il n'a pas trente ans) et l'inspiration. «Voudrais-tu prendre par amour/ Mokaiesh à perpétuité?» (La Demande). Révoltées donc vivantes, ses chansons sonnent comme des invitations à fuir les «dangereux dimanches/ Où le brouillard se déclenche/ Oh… Drucker s'épanche!» (Besame). Et l'on songe à Brel et Ferré, parce qu'il est impossible de ne pas y songer, même si l'on parle ici de «bolides», de «sourires XL et frissons», de «larsen» et de «l'ampleur max des voiles»... Puis l'on croise Borges, Dieu et Béla Bartok! De la chanson qui tempête à nouveau. En évoquant son binôme avec Voulzy, Souchon disait dernièrement: «Le patron c'est Laurent, puisque c'est lui qui compose. T'as beau écrire les plus belles paroles du monde, si la musique est fadasse, l'affaire est pliée.» Les musiques de Mokaiesh ont l'élan de celles qu'on trouvait sur les premiers disques de Julien Clerc. Alors, pourquoi ce silence? Ce que fait Mokaiesh est probablement trop lyrique et trop «caféiné» pour séduire le premier programmateur venu.

Baptiste Vignol