Top 50



“Si aujourd’hui le nombre d’entrées d’un film est parfaitement établi, connaître les ventes réelles d’un CD relève de l’enquête de police, déplore Olivier Maison dans Marianne (du 21 au 27 février). Le classement de l’Ifop, qui repose sur les seuls achats réels relevés dans 1200 points de vente est un classement fiable et… confidentiel. Les journalistes spécialisés doivent faire preuve de trésors d’ingéniosité pour obtenir des chiffres réservés aux "majors des majors" et de plus en plus protégés”.
Voici ceux de cette semaine - du 16/02 au 22/02.

1. Seal Soul 16 196
2. Charlie Winston Hobo 11 480
3. Grégoire Toi + moi 9 613
4. Superbus Lova Lova 9 154
5. Christophe Maé Comme à la maison 6 216
6. BOF Twilight 6 020
7. Francis Cabrel Des roses et des orties 5 866
8. Patrick Fiori Les choses de la vie 5 785
9. Bruce Springsteen Working on a dream 4 757
10. The Priests The Priests 4 533
11. Multi-interprères Cléopatre la dernière Reine d’Égypte 4 297
12. Franz Ferdinand Tonight: Franz Ferdinand 4 276
13. Raphael Saadiq The way i see it 4 254
14. Diane Alela To be still 4 217
15. La rue Ketanou À contresens 4 076
16. Roberto Alagna Sicilien 3 991
17. Katy Perry One of the boys 3 487
18. Jason Mraz We sing, we dance, we steal things 3 439
19. Johnny Hallyday Ça ne finira jamais 3 373
20. Orelsan Perdu d’avance 3 365
21. Peps Utopies dans le décor 3 242
22. Amy MacDonald This is the life 3 157
23. Lily Allen Its’ not me, it’s you 3 127
24. The Pussycat dolls Doll Domination 2 918
25. Alain Souchon Écoutez d’où ma peine vient 2 854
26. Charles Aznavour Duos 2 836
27. Bénabar Infréquentable 2 816
28. Pink Funhouse 2 668
29. Morrissey Years of refusal 2 654
30. Tracy Chapman Our brigh future 2 494
31. Coldplay Viva la vida 2 484
32. Duffy Rockferry 2 455
33. Scred Connexion Ni vu ni connu 2 436
34. Justin Nozuka Holly 2 376
35. Tryo Ce que l’on sème 2 311
36. Christophe Maé Mon paradis 2 158
37. Emily Loizeau Pays sauvage 2 125
38. La Grande Sophie Des vagues et des ruisseaux 2 058
39. Rohff Le code de l’horreur 1 929
40. Antony and the Johnsons The crying light 1 926
41. Sheryfa Luna Venus 1 868
42. AC/DC Black ice 1 859
43. Alexandre Tharaud Avant-dernières pensées solos & duos 1 846
44. BOF Lol 1 795
45. Thomas Dutronc Comme un manouche sans guitare 1 786
46. BOF Slumdog millionaire 1 737
47. Rihanna Good girl gone bad 1 633
48. Akon Freedom 1 629
49. MGMT Oraculor Spectacular 1 628
50. Lady Gaga The fame 1 598
(…)
198. Isabelle Boulay Nos lendemains 299
199. Britney Spears Blackout 298
200. Jonas Brothers A little bit longer 295

Domenech ou comment s'en débarrasser?



L’écrivain Bernard Morlino tient un blog passionnant pour qui aime le football et la littérature. Tout lecteur quelque peu fureteur découvrant d’aventure sa plume acérée se laissera séduire par les envolées de l’auteur, son art de la comparaison, l’ardeur de ses indignations, l’innocence de ses émois, ses coups de pieds au cul (de Jean-Michel Larqué notamment), son incroyable mauvaise foi (à l’encontre de Michel Platini par exemple), ses allégories aussi lumineuses qu’une ouverture de Platini justement, aussi chevaleresques qu’une course de Maradona, aussi tranchantes qu’un dribble d’Éric Cantona, aussi diaboliques que le pied gauche de Puskas, aussi fulgurantes qu’une accélération de Yohan Cruijff. Rien d’étonnant à ce que les développements de Bernard Morlino soient pétris de références, de citations poétiques, de réflexions philosophiques, d’interrogations politiques puisque le football, affirme-t-il, c’est de la littérature en plein air.
On apprend, par exemple, entre un éloge à Di Stéfano et un plaidoyer pour le gallois Ryan Giggs, que Louis Nucera (qui n’était pas footballeur comme chacun sait, mais cycliste), à qui Morlino consacra un récit, “Louis Nucéra, achevé d’imprimer” (2001), lui avait confié, en parlant de Pierre Perret: "“Tu sais, Bernard, avec Georges [Brassens], on n’a jamais cru que Perret ait vu une seule fois Léautaud”". Et Louis de m’expliquer: Léautaud notait tout dans son journal, Perret n’y apparaît jamais.”" Car Morlino, qui aime la chanson – et Astor Piazzolla, approuve la démarche de la journaliste Sophie Delassein qui mettait à jour récemment dans le Nouvel Observateur la mythomanie du chanteur, soulignant le mérite de cette enquête tapageuse pour l’éthique d’une esthétique chansonnière.
Mais revenons au gazon cru des pelouses sportives. L’équipe de France a perdu avant-hier, 11 février 2009, un match de football contre l’Argentine. Les “muchachos” qu’elle affrontait semblaient galvanisés par leur nouvel entraîneur, Diego Armando Maradona (quel nom tout de même!), à qui, visiblement, comme l’a noté un jeune spectateur marseillais sur l’antenne d’Info Sport, “ils voulaient faire honneur”. Difficile en effet de vouloir être digne du sélectionneur tricolore, l’insipide Raymond Domenech, dont Morlino détaille à coups de paragraphes hilarants tout le bien qu’il pense. Mis à part Estelle Denis (mais l’amour a ses raisons…), Franck Ribéry et Jean-Pierre Escalette, qui peut donc encore se réjouir des bavardages de Raymond Domenech? Lui qui a décidé d’évincer David Trezeguet, le plus français des Argentins, quand Maradona en aurait probablement fait l’une de ses pièces maîtresses…
Mais revenons au plus christique des joueurs de football. Maradona, donc. Sur son blog, Morlino dit tout del Pibe de oro. La passion qu’il suscite encore quinze ans après sa retraite, lui, le seul sportif dont on pourrait se tatouer le portrait sans crainte du ridicule. Quel autre visage de footballeur (à part celui de George Best) pourrait-on ainsi arborer ? Celui de Philippe Fargeon. Je plaisante. Aucun. Pas même ceux de Pelé, d’Éric Cantona ou de Chris Waddle.
L’image de Maradona, sa légende, ses errances, ont quelque chose d’universel. Voilà pourquoi la variété s’en est emparé. Car ce nom revient dans plusieurs chansons. Ils ne sont pas si nombreux ceux qui peuvent s’en vanter. Michel Platini (cf. “Comparer n’est pas raison” posté sur cette page en octobre 2007), Éric Cantona (cf. “Melancholy of Cantona”, juillet 2008) et Diego Armando Maradona.
Il a tes yeux, Maradona/ Et tes cheveux, Maradona/ Quand je le vois, Maradona/ Je sais déjà/ Qu’il sera un champion comme toi” (Maradona) psalmodiait Linda de Souza en 1986 dans une chanson sur l’amour d’une mère pour un gamin qui voulait tant ressembler au numéro 10 argentin. En 1994, alors que le football venait de sombrer dans le monde des affaires, la Mano Negra suppliait: “Berlusconi, Bez et Tapie ont bien compris/ L'heure est aux choux gras.../ Et aux bourreaux des tibias/ Santa Maradona, priez pour moi!” (Santa Maradona, 1994). Douze ans plus tard, le chanteur Riké admettait ne s’être toujours pas remis d’un chef-d’œuvre de Maradona : “ Un ballon qui roule/ […] Mes potes et moi sur un bout d’champ/[…] Je suis le Pibe de oro/ J’prends mon envol à Mexico” (Je vole). Cette chevauchée fantastique où, lors du Mundial Mexicain de 1986, el Diez (un autre de ses surnoms) traversa le terrain pour crucifier les Anglais n’a rien perdu de son pouvoir émotionnel. Un homme, seul, un prestidigitateur, qui mystifie une équipe médusée. Inoubliable. Nul doute qu’en 2020, on chantera encore les exploits de Maradona – quand le nom de Raymond Domenech sera effacé de toutes les mémoires. Pourquoi ? Parce que la vie de Dieguito (encore un surnom) tutoie l’épopée. “Si yo fuera Maradona/ Viviria como el” (La vida tombola, 2007) assure Manu Chao. Tout est dit. Une idole à laquelle on s’identifie. Un homme libre, avec ses contradictions. Un symbole romantique, aux airs de guérillero. Qui inspire le respect aux jeunes du monde entier.
Les surnoms (la Panthère noire pour Eusebio, le Divin chauve pour Di Stéfano, Alegria do povo – joie du peuple – pour Garrincha, le Hollandais volant pour Cruijff, le Kaiser pour Beckenbauer, Mighty mouse pour Keegan, el Matador pour Kempes, le Pelé blanc pour Zico, Platoche pour Platini – le Roi Michel en Italie, Éric the King pour Cantona, JPP pour Papin, Mister George pour Weah, le Maradona des Carpates pour Hagi, le Président pour Laurent Blanc, Zizou pour Zidane, Trezegol pour Trézéguet…) se gagnent à coups d’exploits qui vous valent parfois d’être fêté en chansons. Elles témoignent de la persistance des héros populaires dans l’inconscient collectif. Alors, quel surnom pour Domenech qui ne fasse point d’ombre au Duc Amédée du glorieux XV de France d’antan? Il faudrait interroger Bernard Morlino. À moins que Pierrot de Castelsarrasin n’embouche son mirliton…

Baptiste Vignol

Le blog de Bernard Morlino

Lettre ouverte à Jack Lang, par Vincent Baguian



(Il existe de bien jolies chansons sur l'Arménie. Vincent Baguian a écrit la plus belle, la plus émouvante et la plus universelle: Je suis une tombe. Figurant sur son album CE SOIR C'EST MOI QUI FAIS LA FILLE, il l'interprète en duo avec Diane Minassian.)

"Il suffit de taper « Jack Lang Arménie » sur le net pour voir la vidéo où ce bon Jack Lang met entre guillemets le Génocide Arménien. Bien sûr ça fait froid dans le dos. Mettre des guillemets sur un génocide, Arménien, Rwandais, Juif peu importe, c'est comme cracher sur des charniers avec de jolis mots. Vous êtes un profanateur en costume, Monsieur Lang. Vous reconnaissez les massacres, vous n'ignorez pas que des centaines de milliers d'arméniens, hommes, femmes et enfants (pas des guerriers, la population civile) ont été exterminés en raison de leur nationalité et de leur religion. Cela s'appelle un génocide, tout simplement. Il y a des mots qui ne supportent pas les guillemets. On ne peut pas dire : un barbare entre guillemets, un serial killer entre guillemets, un nazi entre guillemets. Votre rhétorique est trop parfaite pour que vous puissiez l'ignorer. Alors, quel est votre intérêt ? Vous avez été pour beaucoup dans la reconnaissance du génocide Arménien par l'Assemblée Nationale, et ce revirement soudain est étonnant. Mais vous êtes un fin politique, ce qui suppose que vous êtes honnête entre guillemets et droit entre guillemets. On peut imaginer qu'un intérêt supérieur à vos anciennes opinions sera passé par là. Il vous fallait à l'époque les voix des Arméniens, aujourd'hui il vous faut sans doute autre chose. Je ne veux pas savoir quoi, cela doit être écœurant. C'est votre intérêt seul qui gouverne et dicte vos paroles, voilà qui définit bien une crapule, sans guillemets."

Vincent Baguian

Pour écouter Je suis une tombe