Ça sonne faux



Chanter avec des simagrées. Hululer. S’écouter soupirer. Et puis grimacer en fredonnant – cela s'entend !– comme le font souvent les guitaristes qui s'échinent sur leur instrument en plissant les yeux, le menton crispé et la bouche tordue, les traits du visage bizarrement contorsionnés par ce qui semble être une épouvantable souffrance... Etirer les syllabes aussi, comme si c’était sexy. Et piailler des rimes en plastique. En alignant des constats élastiques: « On s’aime pas trop mais on s’aime quand même… ». Le tout proprement satiné d'accords hyper léchés. –M– est de retour. Son premier single s’intitule Super chérie. Et c’est une supercherie. De la barbe à papa. Dont l'immature visée rase illico. Car comment la jeunesse séduite par la grâce magnétique d’une Angèle, ou d'une Clara Luciani, pourrait-elle succomber aux couinements ressassés d’un clown en perruque jaune moutarde? Ce costume, franchement... Etait-ce bien nécessaire? Quel embarras masque-t-il? Le malaise de s’être perdu dans un absurde affublement? Qu’est donc devenu le crack qui chantait Je dis aime ou Bonobo? Un zèbre? Un homme passe-partout? Mister mystère. Et l'on se prend à rêver pour rigoler d'un duo d'-M- et Julien Doré...

Baptiste Vignol