Ça raconte Maud


Rester calme, ne pas s’enflammer, éviter la critique idolâtre. DIVINE vole d’éloges en louanges. Faut-il se méfier du vent chaud? Tellement d'artistes ont connu ce bonheur provisoire avant de disparaitre corps et âmes. Mais là, quand même. En neuf chansons brèves (pas de remplissage ici) et 23 minutes d'élégance, Maud Lübeck dépeint avec une mélancolie magnifique les choses de l’amour quand il éclot, les feux du hasard, de la rencontre, les peurs que la passion inspire, ses promesses et ses inconnues, ses bonheurs indicibles, ses tendres plaintes, le vertige fou des sentiments… La cruauté, aussi, du silence que l'autre impose parfois, jusqu’à ce que vienne l’oubli, avant l'indifférence… «Prends soin de moi ou je meurs…» Autant de thèmes infinis, rabâchés, contre quoi le temps ne peut rien, mais auxquels Maud Lübeck ajoute de nouvelles fontaines d'eau douce. Car A deux et Ne me dis pas, autant qu'Amoureuse et L’Absente, sont d'inoubliables chansons comme on n'en avait plus entendues depuis très, très, très longtemps, aussi subtiles et chic que les perles éperdues qu'écrivait Gainsbourg pour Jane B. Voilà. La question n’est pas de savoir si DIVINE sera, comme on l'annonce déjà, l'un des grands disques de l'année, mais plutôt de se demander à quel point son opalescente pureté marquera la Chanson française. La réponse dans dix ans, quand il sera possible d'en mesurer l'influence.

Baptiste Vignol