Pour que la cérémonie des Victoires de la Musique redonne envie de découvrir des artistes et peut-être d'acheter leurs disques, il faudrait qu'elle soit légère, festive, drôle, inattendue, présentée par des artistes eux-mêmes, qu'elle soit moins confinée, plus curieuse, qu'elle ouvre chaque catégorie à cinq nominés plutôt qu'à trois seulement - ce qui n'a aucun sens -, qu'elle décerne une Victoire pour la meilleure comédie musicale (ces spectacles faisant vivre des centaines d'intermittents chaque année), une autre pour honorer les figures de la francophonie (Afrique/Belgique/Océanie/Québec/Suisse), une autre encore pour la plus belle pochette d'album, par exemple. Qu'elle ne sacralise pas «artiste masculin de l'année» un jeune homme qui est incontestablement une révélation; qu'elle s'abstienne de faire concourir des vedettes qui n'ont pas sorti de nouvel album au cours des douze mois précédents (Véronique Sanson, nominée pour être la chanteuse de l'année 2015, n'a rien enregistré depuis 2010!); qu'elle n'octroie pas la Victoire de l'album rock à un (très beau) disque de pop; qu'elle ne donne pas une Victoire «d'Honneur» à quelqu'un qui aurait du décrocher celle du plus bel album de chanson de l'année (STYLUS); qu'elle ne se souvienne pas des artistes populaires après leur mort (Michel Delpech, Guy Béart ou Patachou auraient mérité d'être honorés de leur vivant, et à de multiples reprises, depuis 1985, date du premier numéro des Victoires)… Qu'elle aime la chanson dans sa variété tout simplement.
Baptiste Vignol