L'effet Victoires


Naguère les Victoires avaient assez de retentissement pour que les lauréats voient leurs albums s'envoler. En 2005 par exemple, Jeanne Cherhal, dont le disque 12 FOIS PAR AN s'était alors écoulé à 50 000 exemplaires franchit, quelques temps après avoir reçu le prix de la révélation de l'année, la barre des 100 000 exemplaires, finissant sa course à plus de 250 000 unités. Onze ans plus tard, les Victoires de la Musique viennent de sacrer Vianney et Yael Naim artistes de l'année. Ils ont vendu chacun 1700 CD dans la semaine suivant la cérémonie, grimpant aux 35 et 37èmes places du Top... Quant aux Innocents, leur prix du meilleur album rock leur a permis de bazarder 529 MANDARINE. Ces chiffres pathétiques résument à eux seuls l'inutilité désormais d'une grand-messe molle, vaine et assommante à la sélection trop étriquée pour intéresser le public. La semaine avant les Victoires, Dominique A ne figurait plus dans le Top 200 des ventes en France pour ÉLÉOR sorti en mars 2015. Nominé à la Victoire de l'artiste masculin, il était présent au Zénith le 12 février, chantant en direct Au revoir mon amourpour placer 311 disques en sept jours et se faire souffler la vedette par Vianney. Franchement, cela valait-il le coup qu'il se déplace? C'est ce que doivent se demander nombre d'artistes nominés en apprenant leurs chiffres de ventes après cette soirée télévisée censée promouvoir et fêter la chanson française.

Baptiste Vignol