La variété est bizarre qui sacre des chanteurs auréolés par le métier avant que les médias ne s'en écartent violemment, puis que le public ne les oublie, volage adorateur de mille visages divers qui s'entiche toujours d'une nouvelle idole. Jeanne Mas, François Feldman, qui remplirent Bercy au faite de leurs gloires, Liane Foly, Bénabar, Raphael ou bien Shym aujourd'hui… Gens élevés jusqu'au-dessus des nues. Vianney tombera-t-il du piédestal sur lequel ses pairs l'ont dressé? Sacré «chanteur 2015», bien qu'il n'ait vendu, depuis octobre 2014, que 60.000 IDÉES BLANCHES (quand un Kendji Girak s'approche du million de Français suffisamment séduits pour acheter son premier album sorti en septembre de la même année), Vianney Bureau, né à Pau en février 1991, ne se distingue pas simplement par sa coupe savamment décoiffée. Il s'illustre également par sa façon de tenir sa guitare, comme un jeune papa gauche qui ne saurait trop comment porter son bébé, ainsi que par des reprises, disons, aléatoires. Quand j'étais chanteur aux dernières Victoires sonnait empoté, et c'était triste; mais L'encre de tes yeux, dont il vient d'asperger de fausses notes et de bredouillements interminables le Grand Studio d'RTL, faisait mal aux oreilles malgré la délicatesse d'Anne Sila. Le jeune homme est intelligent et vient avec panache de refuser l'invitation des Enfoirés où se ruent d'anciennes starlettes périmées. Rebelle à suivre?
Baptiste Vignol