Sorti en octobre 2015, VERTIGONE est un grand disque ardent, sauvage, mais tendu avec précision, telle une corde au-dessus d'un lac de laves sur laquelle un funambule aurait à tenter une traversée. Impitoyable et calme, conçu comme on tresse une natte, chaque chanson s'enlaçant aux flammes qui la précèdent, c'est un tableau incandescent, plein de sourdes conspirations, que viennent lécher de longs solos de sax qui tournoient, lentement, avant que la voix claire et féline d'Arman Méliès ne s'échauffe et brûle en lumineux cataclysmes. Pas d'histoires ici, mais des couleurs, des mots, des impressions, des plongées folles, vertigineuses, dont les séquences, déchirantes parfois, créent un climat, poursuivant en profondeur l'exploration de la difficulté d'être et des sentiments amoureux. Que VERTIGONE n'incendie pas la liste des albums «de rock» nominés aux Victoires de la Musique 2016 illustre la vacuité de cette distribution de prix hautement frelatés.
Baptiste Vignol