Frissonnant du friselis de la vérité crue, CROCODILE est un
disque franc comme l’or, frivole parfois, mais d’une sensibilité
frémissante. Doucement fêlé, frêle d’apparence mais d’une réelle robustesse, il frappe, sans faute ni frasque inutile, caressé par la lumière cendrée de la lune, à la
frange irisée des outrecuidances gentillettes qu’on nous donne à entendre… Louis-Ronan
Choisy n’a pas qu’une belle gueule qu’il amoche, il est surtout doté d'une voix qui
bourdonne des milles rumeurs de la ville et qui se niche dans l’oreille. Sauvages,
ses chansons ont du muscle. Et voilà treize titres capiteux, dont trois soleils couchants. Dans les yeux d’Alain Delon d'abord, que l’intéressé, héros tragique, adorera (portrait d'une statue qui se lézarde, abandonnée par l'époque). Chocolat ensuite,
qui marque l’inespéré come-back d’Adrienne Pauly; leur duo, magnétique,
est une fontaine de sensualité. Mag
song enfin, où le chant de Choisy, à fleur de mélodie
« polnarévienne », fait merveille. Baisers voraces.
Baptiste Vignol