Chevelure brune, lèvres carmin, ongles d'ébène. «Le temps s'est arrêté, [elle répète:] le temps s'est arrêté/ L'éternité derrière moi.» Dans la plénitude de sa voix, blanche et gorgée d'orages nocturnes, qu'on devine aussi juteuse qu'une poire - et dans laquelle on voudrait mordre, Robi dévoile avant Noël une nouvelle chanson, L'Éternité. Un poème de Rimbaud pareillement nommé fut mis en musique par Léo Ferré, puis par Dick Annegarn, jadis… «Elle est retrouvée./ Quoi? - L'éternité./ C'est la mer allée/ Avec le soleil.» Tandis que Richard Cocciante jurait de son côté L'éternité ne dure jamais; paroles Pierre Delanoë. Qu'est donc Richard devenu... Jouissant du talent rare d'être parfaitement unique, Robi a ce chic-là d'écrire des chansons en feu, abbatiales, ondoyantes. Parce qu'elle est plasticienne, elle réalise ses clips à partir de chorégraphies dont l'esthétisme rend concrète sa poésie. Et l'on songe sur L'Éternité aux visions de Dali: «Si l'espace-temps est courbe, pourquoi ne pas se souvenir du futur?» Deux années ont presque passé depuis L'HIVER ET LA JOIE. Son prochain disque, annoncé pour le 26 janvier 2015, s'appellera LA CAVALE. «Indomptable et rebelle, sans frein d'acier ni rênes d'or…» Vivement les grandes froidures.
Baptiste Vignol