Faut-il avoir une poubelle à la place du cœur, de la merde en guise de conscience et trimballer trois tonnes de lâcheté pour s'abaisser à shooter un homme qui depuis des années doit se résoudre à vivre caché pour échapper à ce qu'il n'a jamais véritablement enduré et dont il ne veut plus entendre parler: l'amour envahissant du public et l'obsessionnel intérêt des médias. Puisqu'il n'aspire qu'à la quiétude, Renaud se planque et fait silence, définitivement. Assez pour rendre dingue les petits journalistes, de piètre plume et de plus piètre éthique, qui, bien que Renaud n'ait jamais tué personne, volé quiconque ni même foulé aux pieds ses idéaux, le pistent, «enquêtent» et pire, le zooment en cachette. Se fichant bien qu'il soit le père d'un garçonnet en âge de voir dans les kiosques à journaux les couvertures de leurs magazines orduriers, ils s'«émeuvent», «enquêtent» et recueillent quelques «vérités» auprès d'«amis» qui, sous couvert d'anonymat, dépeignent à gros traits l'ancien chanteur mutique et caverneux. Aussi, pour en rajouter, puisqu'il faut toujours en rajouter dans le sensationnalisme, certains le disent désormais sur la paille, lui dont les chansons anarchistes, et ce fut peut-être l'un de ses grands dilemmes, ont fait une solide fortune de «patron bien gros». Quand Renaud s'exprime aujourd'hui, c'est par courtes phrases, pleines et rares. Ses potes y trouvent un sens de la fraternité dont sont privés ceux qui croassent et tapinent pour VSD.
Baptiste Vignol