Un géant






































Mercredi dernier, 19 décembre, avec Charles Aznavour et Smaïn, nous étions bien peu pour l’accompagner au Père Lachaise.
Formidable interprète, « mime » à la voix de stentor, il chantait les chansons fantaisistes d’Aznavour, celles du jeune Claude Nougaro, plus tard Jean-Roger Caussimon et d’autres très bons auteurs dont Serge Gainsbourg. Le yéyé l’ayant balayé, il était revenu à ses premières amours, la comédie – toujours aussi talentueux.
Son retour passager dans la chanson avec
Mes universités lui avait valu des procès d’intention que moi (qui ne votais pas, comme lui !) j’ai trouvé injustes voire méprisables. Tolérance, tolérance ! Passons….
En 1953, il était la vedette de la tournée Jean Nohain où j’officiais en première partie. Les "itinéraires Nohain" étaient très zigzagants en un temps où il n’y avait pas d’autoroutes... Je voyageais dans sa voiture.
En passant par Bordeaux, ma mère lui avait recommandé son fiston, "bien pâlot" après trois ans de vache (très) enragée. Le surlendemain, je m’effondrais en coulisse. On a voulu me transporter à l’hosto : « Pas question », a dit Philippe, « après mon tour de chant, je le ramène à ses parents ! »
Dans la nuit, il a repris la route en sens inverse jusqu’à Bordeaux chez mes vieux, repartant aussitôt vers l’étape suivante de la tournée.
Du cœur, Monsieur Clay !
Ce mois de décembre, averti de sa maladie, je lui ai rendu visite chez lui à Issy-les-Moulineaux. J’ai voulu dire quelques banalités de circonstance, il m’a stoppé avec un sourire même pas triste : «Te fatigue pas, j’en ai pour très peu de temps ».
Après une courte pause, il a enchaîné sur quelques souvenirs amusants et l’entrevue s’est achevée dans les éclats de rire.
Du courage et de la pudeur, Monsieur Clay !
Chapeau et bye bye Philippe…


Marcel Amont

Monsieur Williams
L'accordéon