Un chanteur au sommet



Un terrain en pente. Tel est le titre d'une nouvelle chanson dévoilée par Alain Souchon hier, mercredi onze septembre, sur l'antenne de France Inter. Quel auteur, quel musicien, quel artiste. De cette trempe-là, de cette importance, au regard de leurs œuvres, colossales, aptes à draper un pays de refrains éternels, nous n'avons plus chez nous que Francis Cabrel, Véronique Sanson, Jean-Jacques Goldman, Anne Sylvestre, William Sheller, Jean-Louis Murat et Renaud. Complainte méditative, d'amère contemplation, chantée sur un air de comptine, Un terrain en pente évoquera aussi, dans sa perfection poétique, le souvenir de Guy Béart. Cela devrait en faire rire certains, mais ils n'y connaissent rien.

De mon belvédère
Je regarde la France
Avec ses lumières
Ses souffrances
J'vois au bord de l'Eure
Une usine qu'on vend
Et des hommes qui pleurent
Devant...

Immense. Légère. Poignante. Subtile. Sobre. Humaine. Narquoise. Délicate. Nuageuse. Aussi douce qu'une plume. Quand l'art de la simplicité confine au génie. Un quart de siècle après Foule sentimentale, Souchon remet ça. Il dit tout. Faut voir comme. Et l'on reste sans voix.

Baptiste Vignol