La prière d'Emily


Ce mercredi 27 février 2019, la température moyenne en France atteignait 21,3°C. Jamais il n’avait fait si chaud en plein cœur de l’hiver. Pendant ce temps, les présentateurs météo se réjouissent chaque matin qu’il fasse beau, atrocement chaud, et s’excusent presque quand le mercure descend. Alors qu’il devrait geler. Leur sourire bêta symbolise en quelque sorte ce sentiment bizarre et général qu’il faudrait s'enchanter du climat qui débloque, courir à la plage, chausser nos tongs en plastique, déjeuner en terrasse – c’est si cool, en cette saison... Et puis c'est toujours ça de pris! La Terre crame, la planète se noie, les coquelicots ne poussent plus au printemps, mais neuf humains sur dix s’en cognent. Dans cet affolant chambardement, à la demande de l'écrivain-journaliste Fabrice Nicolino du mouvement «Nous voulons des coquelicots», Emily Loizeau, qu’on n’avait plus connue aussi simple et nature depuis L’autre bout du monde, vient d’enregistrer une chanson (Viens avec moi mon vieux pays) mise en images par Cyril Dion, dont l’écologie est le combat. Double réussite. Qui dit les choses intuitivement. En filmant avec force l’émouvante espérance dans le regard des enfants. Les pesticides sont des poisons et nos gamins en crèveront, tous. A moins que l’homme ne prenne miraculeusement sa survie en main. C’est l’appel d’Emily: «Viens avec moi mon vieux pays, quand tu te lèves, le jour se lève aussi… » Il y a là beaucoup de naïveté, sûrement, mais le tableau que dépeint cette supplique est d’une exactitude dépourvue d’ornements. D’où sa fraicheur bienvenue. Et salutaire.

Baptiste Vignol