Elle n’a que 22 ans. Diable. A quand faut-il remonter pour trouver auteur-compositeur-interprète qui, dès son premier album, affiche autant de maîtrise et, d’un pas de danse, parait devancer l'époque? MC Solaar, au même âge, en 1991, sortait QUI SEME LE VENT RECOLTE LE TEMPO. Ça date. Et Véronique Sanson, en 1972, bouleversait la pop française – pardon, la french pop – avec AMOUREUSE. C’est dire... Après cinq singles lumineux (La Loi de Murphy, Je veux tes yeux, La Thune, Jalousie et Tout oublier), on pouvait raisonnablement penser qu’Angèle avait dégainé ses meilleures cartouches. Mais BROL (pacotille en bruxellois), paru ce 5 octobre 2018, recèle d’autres babioles aussi neuves qu’elles sont aériennes, pertinentes et stylées. Balance ton quoi ne tourne pas autour du pot. Avec Nombreux, chantée simplement au piano, la musicienne, de son groove angélique, adresse à l’homme qu’elle aime une attachante déclaration. De l'entêtante Flemme l'on répétera en boucle les formules (« Sortir, c’est pour les nulles / D’t’façon, j’ai pas la thune», « Paris s’allume, ce qui manque, c'est Bruxelles! »). Et Flou dessine l'autoportrait d’une gamine devenue en quelques mois la sensation du moment (« Les gens t’aiment pas pour de vrai / Tout le monde te trouve géniale alors que t’as rien fait... »). Les chansons d'Angèle témoignent d’une clairvoyance, d’une fraicheur et d’un sens de la mélodie salutaires. La variété française avait besoin d’une aventurière, qui ne soit pas dans la pose ni l’autosatisfaction, mais qui invente, crée, cherche de l'air, par curiosité, goût du risque et désir de liberté. La voilà. Qui donne le La.