Depuis l’avènement de Christine and the Queens en 2014, quelques amazones atomiques (Juliette Armanet, Fishback, Cléa Vincent, Calypso Valois...) surfent sur le succès d'une vague pop qui aère les ondes françaises. «Le monde est bleu comme elles» pourrait d'ailleurs souligner Etienne Daho dont le mythique 33 tours WEEK-END A ROME sortit le 3 mars 1984, un jour avant la naissance de Juliette Armanet. Toutes ont du charme et l’envie d’en découdre, mais toutes s’enroulent hélas dans une musique hyper (donc trop) référencée. Avec SAINTE-VICTOIRE, son premier album, Clara Luciani, 25 ans, se distingue en déroulant des chansons neuves et ondulantes, intelligibles (ce qui fait un bien fou), fougueuses, élégiaques aussi («Je pense aux fleurs et c’est bête / Mais j’envie leur beauté muette »), où l’on sent poindre le souffle d’une inspiration haletante. Une aubaine quand Françoise Hardy brise cinq années de silence avec un disque dégoulinant de solos et de chœurs assassins (bravo Erick Benzi, producteur de 9 titres sur 12) où l'unique rayon de soleil, Au large, est l'œuvre de La Grande Sophie à qui l’égérie des yéyés aurait du confier l'entière réalisation de PERSONNE D'AUTRE.
Baptiste Vignol