Ce talent qui saute aux yeux


Parmi toutes les promesses qui depuis quelques mois affolent la chanson française, la plus fascinante, et de loin, vit en Belgique. Son prénom est Angèle. Et n'a que 22 ans. Sans se prendre pour la petite-nièce de Véronique Sanson ni vouer une fascination pour les synthés à la mode Balavoine, cette blonde bruxelloise a déboulé par le Net fin 2017, remettant à l’heure du temps qui passe la variété «cool» et moderne qui raconte, et c’est pas plus mal, des choses intelligibles. Après l’impeccable clip de La Loi de Murphy (six millions de clics) qui fit l’effet d’un vol de cigognes aux becs rouges sur une zone pavillonnaire où l’on n'entendait en sourdine, derrière les fenêtres embuées des chambres d'adolescents, qu'Amir ou Soprano, Angèle revient, sans l'appui d'aucune maison de disques, avec Je veux tes yeux, bien partie pour être portée par les mêmes courants chauds et rendre dingos les patrons de labels parisiens. « Connecté en ligne, mais pas à moi / J’attends ton signe, j’crois qu’y’en a pas / J’ai vu qu’t’as vu, tu réponds pas / Alors j’attends, toujours j’attends / Qu’enfin il sonne, ce son latent… » Chanson d’époque, sur un flirt virtuel, idéalement filmée par la réalisatrice Charlotte Abramow, 25 ans tout juste, dont Angèle est une muse. La relève, quoi. Et l’occasion d'observer en gros plans, sur un tempo arabesque, des yeux «blue lagoon» et châtaigne, des yeux noir pétrole et fougère (les plus beaux), yeux mer orageuse et noisette, auxquels la bouche cerise d’Angèle Van Laeken semble donner la berlue.

Baptiste Vignol