C’est un voyage d’une heure et quinze minutes qui file à la vitesse d’une très bonne chanson de Barbara – c’est dire, une performance inouïe d’audace et de dextérité, un hommage inattendu, oblique, qui déshabille la longue dame brune par son versant musical, c’est un spectacle d’une simplicité admirable, évidente, qu’éclairent des projections justes et discrètes, une joute instrumentale entre deux êtres-piano, amoureuse, tendue, ludique et légère aussi, majestueuse comme une plume de condor, c’est une création pure, aérienne, sans ego trip ni revendication, c’est une pièce puzzle, un numéro d’une folle imagination, un duel au soleil noir des obsessions barbaréennes, c’est la rencontre complice et flamboyante de deux artistes authentiques, Jeanne Cherhal et Bachar Mar-Khalifé, dont l’unique préoccupation fut de servir une œuvre magnifique en s'en montrant digne. Mission accomplie. (Dernières représentations à la Philharmonie de Paris, les 24 et 25 novembre 2017.)
Baptiste Vignol