D'assertions en acouphènes



Pour parler des Intellectuels, l’une des chansons de MON CŒUR S’ENVOLE (1992), Charles Trenet précisait, en s’en réjouissant, qu’il devait être le premier à chanter le mot palimpseste: « Ils connaissent tout de l'Univers/ De son endroit de son envers/ Changeant en un grand palimpseste/ La voûte céleste ». Car la chanson, cet art mineur, est loin d’avoir épuisé nos dictionnaires ! C’est aujourd’hui le tour de Maxime Le Forestier d’innover en plaçant acouphène : « Tu fais ton choix, tu n'as plus droit qu'à un son/ Comme le bourdon,/ Comme l'acouphène… » (Sur deux tons, 2008). Mais l’état lamentable du marché du disque français n’aura pas aidé le parolier à populariser ce joli nom. RESTONS AMANTS, son dernier CD, n’a pas rencontré le succès escompté (à peine 40 000 albums vendus depuis sa sortie en mai 2008). Désespérant. L’avenir de la francophonie passera-t-il par la chanson ?... Heureusement, il nous reste quelques politiques lettrés… Après que Martine Aubry ait jugé “lamentable” l’assertion selon laquelle François Bayrou sous-entendrait qu’elle lui aurait confié avoir voté pour lui au premier tour des élections présidentielles, le leader centriste (qui ne s’est jamais départi de ses réflexes de professeur et le grec, ça le connaît !) a déclaré : “Il arrive qu’on ait des manifestations auditives, on appelle cela des acouphènes, alors j’ai dû avoir des acouphènes.” Insufflant au mot plus d’écho que n’en donnerait même un bon couplet.

Baptiste Vignol