C'est le chanteur Philippe Katerine qui aurait dû incarner Elton John au cinéma. Mêmes traits (il suffit de regarder le portrait caravagesque de l’Anglais sur le 33 tours ELTON JOHN sorti en avril 1970), même bizarrerie vestimentaire, voix vaguement similaires et mêmes idolâtries (toutes proportions gardées, planétaire d’un côté, parisienne de l’autre). Tandis que Sir Elton accomplit une éléphantesque tournée d’adieu, le Vendéen césarisé émerveille la critique ébahie avec un dixième album qu'une loufoquerie réjouissante, Stone avec toi, bourrée d'images barbapapesques, a précédé de quelques semaines. Passons sur la pochette du disque, complètement débile et son fond rose jambon... CONFESSIONS est un long, très long déballage d’une vingtaine de petits tableaux dont trois tapent dans le mille: l’observationnel Malaise dans lequel « les gens sans oriflammes, les daltoniens de l’âme» (Les gens qui doutent, Anne Sylvestre) se reconnaitront, Bonhommes, sur les enfants du chanteur («Vous ne savez rien des migrants / Des guerres civiles au Soudan / Le Bataclan et Charlie»), et Madame de pour ce joli tercet peccamineux: « Peu m’importe la vie de bohème / Peu me chaut le pays post mortem / Tant que je vois l’homme que j’aime sur moi...» Le reste est parfois amusant – sans jamais toutefois parvenir à être drôle (Keskessékcetruc, sauvé par l’interprétation de Camille), parfois bien roulé mélodiquement (La converse avec vous), parfois d’inspiration «gilet jaune» (BB Panda et son croche-patte à Macron – pardon, son «tacle» faut-il dire aujourd’hui...), mais souvent monotone, voire un tantinet maniéré. Trop de cucul quéquette font plein de prouts mouillés. Et comme Katerine saute à pieds joints dans sa «zone de confort» (autre expression nunuche pour chroniqueurs BFM...), il en met forcément partout! N’empêche, CONFESSIONS serait pour certains l’album de l’année. Lol. C’est la zob génération qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez et s’enflamme pour un confetti. Impossible en revanche, cinquante ans après sa sortie, de se passer d'ELTON JOHN, ce chef-d'œuvre de folie.
Baptiste Vignol