Cavalier solitaire


« Tu m'indiquais les vignes claires, c’était juillet / Le vin couvait son arôme... » Ainsi s'élance hors-mode le deuxième album de Baptiste W. Hamon, romanesque, mélodieux et terrien. SOLEIL, SOLEIL BLEU abrite neuf chansons obsédantes. D’attente, de saignements, de paysages immenses, indéfiniment élargis, de racines et de nostalgie, d’espérances inquiètes: «Et que ce pont nous tienne !» Des chansons d’illusions, de chimères, de prières incertaines. «Je voudrais tant que tu reviennes...» De captives aux yeux blonds. De rafales et d'ivresses, de consciences dévoilées: «Je ne me lasse plus d’être moi». Des chansons de canyons, d'une «vieille Ford sur le bas-côté», de désir et d'amour-baisers. De rage et de passions. Chansons sur le conflit qui tonne entre la fange des prolétaires et le royaume des dominants: «On est plein dans l'antichambre / On n'est pas loin d'être une armée...» Chansons de foudre, de robes pâles et d'âmes brisées; chansons d'hommes cabossés qui «jouent un vieux Dylan en ré». Chansons d'effervescence aussi (« Et tu trembles à mon sourire / Tu me questionnes / Et je tremble du tien...»). Chansons d’amitiés mortes et de joies en sursis. Il se passe quelque chose relevant de l'apesanteur quand on écoute SOLEIL, SOLEIL BLEU. Le sentiment d'être moins seul, d'avoir trouvé dans le réconfort westernien d'une voix sans manières la présence d'un ami. Comme un soleil qui se lève.

Baptiste Vignol