Zazie speede


Ne pas méjuger l’eau qui dort. Après deux saisons de professorat qui en auront déboussolé plus d’un, et quelques disques nébuleux, Zazie revient, allez hop, avec un single, Speed, qui s’impose comme un modèle du genre. Se méfier de la poudre, des compositions fusantes. En parlant à son cœur dont elle fait un personnage (« Je te sens battre au fond de moi / T'es pas tout neuf mais pas si vieux / Non, t'es flambant vieux »), ainsi que Jacques Brel s'adressait dans Mathilde à ses bras et ses mains (« Et vous mes mains, ne tremblez plus / Souv'nez-vous quand j'vous pleurais d'ssus… »), Zazie jaillit des abysses avec un hymne à l’amour éclatant de rage, de soif et de désir. Speed est une chanson volante. Elle agit comme une fusée, qui s’échauffe piane-piane, bouillonne, fend l’onde dans une gerbe d'écume, s’envole et finit sa course céleste avec incandescence. Que c’est beau une fusée qui illumine la nuit. Rarissimes sont les chansons françaises dont le tempo s'enflamme avec une telle évidence. Speed est un voyage. De trois minutes et trente secondes. Zazie n’a rien perdu de sa vélocité.

Baptiste Vignol