La voie de Barbara


MAGNETIQUE est le titre de son sixième album. Il n’a rien de mensonger. Comme l’aimant, la voix de Barbara Carlotti attire invinciblement. Elle enchante, elle conquiert l'attention. Quant aux chants magnétiques que la Parisienne propose, ils ont la spontanéité et la bizarrerie des choses surréalistes. Ses divagations oniriques diffusent un fluide envoûtant, une influence mystérieuse, un rayonnement obsédant. Des gouttes de lumière qui descendent, ondulent et s’envolent. Pas facile d’évoquer l'univers languide, énigmatique, fantastique, insolite et osé dont la chanteuse, telle Philotès, se fait déesse au bord du vide. « Je cherche un goût de sable gris / De sperme, de sang et de vomi / Pour ne pas tout à fait mourir! » (Paradise Beach). Carlotti chante le plaisir. Elle l’étudie, s’y engouffre et le fait avec une sensualité dénuée de tout maniérisme. « Viens dans ma chambre que je t’explique / Je suis sûre que tu apprécieras » lance-t-elle, velours, dans Phénomène composite. Oh la promesse ! Inutile d'inspecter le livret du CD, pas d’adresse ni d’email pour répondre à l’invitation. Dans Voir les étoiles tomber, elle confie d’une voix lactée : « J’ai trop de feu, trop de violence, trop d’énergie, / Trop de désir, trop de peur / Et j’ai l’impression que si j’arrive pas / A canaliser tout ça / Je vais me consumer d’un coup / Mon cœur va lâcher… » Enfin, telle une cavalière aguerrie, elle détaille, dans La Beauté du geste, ses passe-temps intimes… « Moi j'aime les sports équestres !» L’inspiration méandrique de Barbara Carlotti fascine par son sens de l'oblique. Six ans après L’AMOUR, L'ARGENT, LE VENT (l'un des plus beaux disques de la décennie), la chanteuse, avec MAGNETIQUE, demeure au sommet de l’élégance française.

Baptiste Vignol