L'étrange famille des B.B. de la chanson française ne manque pas d'atouts: Betsch, Biolay, Belin, Bergman, Bénabar (oh! on peut bien rigoler...), BB Brunes et Burgalat. Bertrand de son prénom. Dont il est ici question. Pour être bref, on pourrait dire que ce B.B.-là est un Katerine qui n’aurait pas tourné casaque, s'enrégimentant dans les rangs des pitres de service. Sorti en mai, LES CHOSES QU’ON NE PEUT DIRE À PERSONNE, doit être son six ou septième album studio. Un disque longue durée, 67'48, composé de dix neuf titres, dont six splendides plages instrumentales (Tombeau pour David Bowie…) – les deux premières lançant l’échappée pour 6’50 d’ouverture sans blabla! Inimaginable ailleurs. Mais il faut signaler que l'homme aux lunettes seventies dirige son propre label, Tricatel, depuis 1995. Ces chansons neuves sont pour neuf d'entre elles « parolées » (comme dirait McNeil) par d’autres auteurs, compagnons de voyages et de poésie blanche, épineuse et lucide. Mais L’enfant sur la banquette arrière qu’il signe entièrement, et qu’on découvre comme on regarde un vieux chef-d'œuvre, est une merveille inextricable. « Je suis la mendiante à qui je n’ai rien donné, / Le dernier Noël de François Mitterrand, / Le chien à la fourrière qui se ronge les sangs / Pour celui ou celle qui l’a abandonné… » Aussi fascinante que Julie dans « Le docteur Jivago », que Sonia dans « Le professeur », qu'Ava dans «Mogambo», ces femmes impossibles… La force de Burgalat, c’est de nous emporter avec sa musique, comme dans un vol de nuit, vers divers paradis dont on aurait chassé les winners trop tatoués et les DJ de digestion. 15€, c'est donné.
Baptiste Vignol